Histoires des 7 Soeurs by Greenwood & Ed

Auteur:Greenwood & Ed [Greenwood]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 2015-06-23T17:55:23+00:00

ALUSTRIEL

QUAND UN HOMME BRAVE PERD LA TÊTE

Certains sont d’avis que la grande dame de Sylverymoon est une rêveuse impénitente condamnée à répéter ses échecs parce qu’elle croit trop en la bonté innée de l’homme, et fait trop peu cas du mal qui est tapi partout…

Je ne suis pas de cet avis-là.

Reld Barunenail, Sage des Histoires

extrait de Vue de Secomber : Méditations

sur les Années à Venir

publié l’Année des Pucelles

Le plafond était des plus reposant à contempler.

Confortablement calée sur son siège, Alustriel de Sylverymoon en faisait encore l’expérience. Les fissures donnaient beaucoup de caractère aux fresques.

Telles les lézardes qui sapaient la ville qu’elle avait créée.

Du regard, Alustriel suivit les nervures reliant le plafond aux murs pour se terminer sur les deux piliers qui flanquaient la porte.

De cette même porte, les problèmes surgissaient pour mieux faire voler en éclats ses rares moments de détente.

Alustriel jeta un coup d’œil torve à la porte.

Fermée.

Les problèmes étaient en retard, pour une fois.

Parfois, Alustriel se faisait l’effet d’une panthère en cage.

Son palais se dressait au centre de la « Gemme du Nord ».

Sylverymoon… la forteresse-refuge des terres sauvages... Et la prison d’Alustriel depuis de nombreuses années.

Encore récemment, elle s’était laissé tenter par une alliance entre les Luneterres et les fortins nains.

Une folie, d’après certains. Mais était-il absurde de vouloir apporter une paix durable à une région des Royaumes, si modeste fût-elle ? Même si la tentative se soldait par un échec sanglant, le jeu en valait la chandelle.

Une action, aussi bancale soit-elle, vaudra toujours cent rêves creux.

Et mieux vaut jouer et perdre que n’avoir jamais tenté de créer quoi que ce fût.

Mais ces crédos, tout séduisants qu’ils fussent, n’importe quel tyran pouvait les revendiquer… De son point de vue, il envahissait des royaumes qu’il jugeait décadents.

N’importe quel bûcheron pouvait s’en prévaloir en abattant un bosquet elfique sacré…

— Alustriel, se dit-elle à voix haute, tu penses trop.

La preuve, elle avait trop besoin de ces moments privilégiés de solitude pour faire le point, tenter de retrouver le calme intérieur et la sérénité… Par la grâce de Mystra, elle n’avait plus envie de dormir. Mais l’esprit humain, Élu ou pas, se lasse de résoudre problème après problème, de mémoriser indéfiniment les sortilèges…

Alustriel s’étira langoureusement.

Mince comme une liane, douée d’une grâce sensuelle, elle avait des yeux d’émeraude pétillants.

On frappa à la porte.

Un homme entra.

Taern Lame-corne était le maître magicien de la Magegarde de Sylverymoon et le sénéchal du grand palais. Mais tous le surnommaient « Magetonnerre ». C’était le bras droit d’Alustriel et son conseiller. L’astucieux diplomate avait en prime la charge de l’Ombreguet, plus connu, dans les Royaumes du Sud, comme la police secrète de Sylverymoon.

Les problèmes qu’un tel homme soumettait à la haute dame n’étaient jamais d’ordre mineur.

Ces dernières années, multipliant les amitiés avec beaucoup de monde, Alustriel s’était avisée avec surprise de la profondeur et de la complexité de ses sentiments pour Magetonnerre.

Puis elle avait réalisé quelle passion inavouable animait Lame-corne à son égard.

— Ma dame, j’ai de graves nouvelles. L’émissaire de Padhiver, Garthin Muirtree, a été retrouvé mort entre nos murs.

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