Histoire globale by Laurent Testot

Histoire globale by Laurent Testot

Auteur:Laurent Testot
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Sciences Humaines
Publié: 2011-02-05T05:00:00+00:00


L’abolitionnisme : un projet radical

Toute forme de résistance de la part des esclaves n’est donc pas forcément et automatiquement destinée à mettre un terme au système esclavagiste en tant que tel. Pendant longtemps, la résistance visait à s’extraire soi-même de l’esclavage et ne conduisait pas à lutter contre lui une fois libéré. Ce qui, à des époques et dans des sociétés où l’esclavage était largement répandu, n’est pas forcément une surprise. Cependant, à partir du moment où un mouvement abolitionniste prit de l’ampleur, certaines révoltes eurent pour effet, voire pour objectif, d’en hâter le processus. D’anciens esclaves militèrent dans le mouvement abolitionniste, à l’instar de l’écrivain américain noir Olaudah Equiano (1745-1797), tandis que d’autres, avant la guerre de Sécession américaine (1861-1865), jouèrent un rôle dans l’Underground Railroad (réseau ferré souterrain) destiné à faciliter l’évasion des esclaves des plantations du Vieux Sud vers les États nordistes où l’esclavage avait été aboli. On voit donc que les choses sont là aussi complexes et que, si l’on ne doit pas confondre résistances des esclaves et abolitionnisme, on gagnerait beaucoup à pousser plus en avant l’histoire, encore malheureusement dans son enfance, de leurs multiples interrelations.

En tant que projet visant non pas à réformer l’esclavage ou à en faire sortir un certain nombre de personnes (par le moyen de l’affranchissement), mais bien à mettre un terme à l’institution en tant que telle, partout où elle existe, l’abolitionnisme renvoie à un phénomène à la fois récent dans l’histoire de l’humanité (il ne se cristallise pas vraiment, en Europe, avant le milieu du XVIIIe siècle) et à maints égards « révolutionnaire ». D’autant plus que, tourné d’abord en direction de l’esclavage américain, il se développe au moment où celui-ci atteint son apogée et où les idées racistes, communes dans les colonies, commencent aussi à se répandre parmi certaines élites métropolitaines. Lutter contre une institution moribonde aurait pu être facile. S’attaquer à un phénomène bien enraciné et en pleine vigueur ne l’était pas.

Aussi a-t-on, quasiment depuis le XVIIIe siècle, essayé d’expliquer les raisons de l’émergence d’un projet aussi radical. Avec, comme souvent en histoire, la volonté d’en trouver « la » raison principale. Tour à tour, on a ainsi insisté sur le rôle de la philanthropie, puis du seul intérêt, sans oublier les facteurs politiques, culturels, religieux ou bien encore géostratégiques, et, bien sûr, les mouvements de résistance des esclaves. Sans forcément vouloir comprendre qu’un abbé Grégoire (1750-1831) pouvait être mû à la fois par des considérations religieuses et par l’esprit des Lumières, ou que d’autres abolitionnistes pouvaient simultanément insister, afin de justifier leur action, d’une part sur le fait que l’esclavage était contraire à tous les principes sur lesquels une société pouvait être fondée, et d’autre part sur celui qu’il pourrait être remplacé avec profit par des travailleurs salariés plus intéressés aux résultats de leur travail.

Les choses humaines étant plus complexes que les phénomènes naturels régis par les lois de la physique, le sociologue allemand Max Weber (1864-1920) préconisait l’usage, en sciences humaines, d’une démarche qu’il qualifiait



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