Histoire de la révolution française - Tome 2 by Thiers Adolphe

Histoire de la révolution française - Tome 2 by Thiers Adolphe

Auteur:Thiers, Adolphe [Thiers, Adolphe]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2012-03-28T22:00:00+00:00


Le peuple, qui peut-être ignorait le départ du roi, après avoir attendu assez long-temps devant le guichet principal, attaque enfin la porte, l’enfonce à coups de hache, et se précipite dans la cour Royale. Il se forme alors en colonne, et tourne contre le château les pièces de canon imprudemment laissées dans la cour après la retraite des troupes. Cependant les assaillans n’attaquent pas encore. Ils font des démonstrations amicales aux soldats qui étaient aux fenêtres : « Livrez-nous le château, s’écrient-ils, et nous sommes amis. » Les Suisses témoignent des intentions pacifiques, et jettent des cartouches par les fenêtres. Quelques assiégeans, plus hardis, se détachent des colonnes et s’avancent jusque sous le vestibule du château. Au pied du grand escalier on avait placé une pièce de bois en forme de barricade, derrière laquelle étaient retranchés, pêle-mêle, des Suisses et des gardes nationaux. Ceux qui, du dehors, étaient parvenus jusque-là, voulaient pénétrer plus loin et enlever la barrière. Après une contestation assez longue, qui cependant n’amène pas encore de combat, la barrière est enlevée. Alors les assaillans s’introduisent dans l’escalier, en répétant qu’il faut que le château leur soit livré. On assure que dans ce moment des hommes à piques, restés dans la cour, s’emparent avec des crochets des sentinelles suisses placées en dehors, et les égorgent ; on ajoute qu’un coup de fusil est tiré contre les fenêtres, et que les Suisses, indignés, répondent en faisant feu. Aussitôt en effet, une décharge terrible retentit dans le château, et ceux qui y avaient pénétré, fuient en criant qu’ils sont trahis. Il est difficile, de bien savoir, au milieu de cette confusion, de quel côté sont partis les premiers coups. Les assaillans ont prétendu s’être avancés amicalement, et une fois engagés dans le château avoir été surpris et fusillés par trahison ; c’est peu vraisemblable, car les Suisses n’étaient pas dans une situation à provoquer le combat. N’ayant plus, aucun devoir de se battre, depuis le départ du roi, ils ne devaient songer qu’à se sauver, et une trahison n’en était pas le moyen. D’ailleurs, quand même l’agression pourrait changer quelque chose au caractère moral de ces évènemens, il faudrait convenir que la première et réelle agression, c’est-à-dire l’attaque du château, venait des insurgés. Le reste n’était plus qu’un accident inévitable, et imputable au hasard seul. Quoi qu’il en soit, ceux qui s’étaient introduits dans le vestibule et dans le grand escalier, entendent tout à coup la décharge, et tandis qu’ils fuient, ils reçoivent dans l’escalier même une grêle de balles. Les Suisses descendent alors en bon ordre ; et, arrivés aux dernières marches, ils débouchent par le vestibule de la cour Royale. Là, ils s’emparent d’une des pièces de canon qui étaient dans la cour ; et, malgré un feu terrible, ils la tournent et la déchargent sur les Marseillais, dont ils renversent un grand nombre. Les Marseillais se replient alors, et, le feu continuant, ils abandonnent la cour. La terreur se répand aussitôt parmi le peuple, qui fuit de tout côté, et regagne les faubourgs.



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