Hier et demain by Jules Verne

Hier et demain by Jules Verne

Auteur:Jules Verne [Verne, Jules]
La langue: fra
Format: epub, mobi
Tags: Contes, légendes et fables
Éditeur: Atramenta (www.atramenta.net)
Publié: 2011-01-20T05:00:00+00:00


Le Humbug - Mœurs américaines

Au mois de mars 1863, je m’embarquai sur le steamboat le Kentucky, qui fait le service entre New York et Albany.

À cette époque de l’année, des arrivages considérables provoquaient entre les deux villes un grand mouvement commercial, qui n’avait, d’ailleurs, rien de très exceptionnel. Les négociants de New York entretiennent, en effet, par leurs correspondants, des relations incessantes avec les provinces les plus éloignées et répandent ainsi les produits de l’Ancien Monde, en même temps qu’ils exportent à l’étranger les marchandises de provenance nationale.

Mon départ pour Albany m’était une nouvelle occasion d’admirer l’activité de New York. De tous côtés affluaient les voyageurs, les uns gourmandant les porteurs de leurs nombreux bagages, les autres seuls, comme de véritables touristes anglais, dont la garde-robe tient dans un sac imperceptible. On se précipitait, chacun se hâtant de retenir sa place à bord du paquebot, que la spéculation douait d’une élasticité tout américaine.

Déjà deux premiers coups de la cloche avaient porté l’effroi parmi les retardataires. L’embarcadère pliait sous le poids des derniers arrivants, qui sont, en général et partout, des gens dont le voyage ne peut se remettre sans notable préjudice. Cependant cette foule finit par se caser. Paquets et voyageurs s’empilèrent, s’emboîtèrent. La flamme grondait dans les tubes de la chaudière, le pont du Kentucky frémissait. Le soleil, s’efforçant de percer la brume du matin, réchauffait un peu cette atmosphère de mars, qui vous oblige à relever le collet de votre habit, à emprisonner vos mains dans vos poches, tout en disant : il fera beau aujourd’hui.

Comme mon voyage n’était point un voyage d’affaires, comme mon portemanteau suffisait à contenir tout mon nécessaire et mon superflu, comme mon esprit ne se préoccupait ni de spéculations à tenter, ni de marchés à surveiller, je flânais à travers mes pensées, m’en remettant au hasard, cet ami intime des touristes, du soin de rencontrer en route quelque sujet de plaisir et de distraction, quand j’aperçus à trois pas de moi Mrs. Melvil, qui souriait de l’air le plus charmant du monde.

« Quoi ! vous, Mistress, m’écriai-je avec une surprise, que ma joie seule pouvait égaler, vous affrontez les dangers et la foule d’un steamboat de l’Hudson !

- Sans doute, cher monsieur, me répondit Mrs. Melvil en me donnant la main à la façon anglaise. D’ailleurs, je ne suis pas seule ; ma vieille et bonne Arsinoé m’accompagne. »

Elle me montra, assise sur un ballot de laine, sa fidèle Négresse qui la considérait avec attendrissement. Le mot attendrissement mériterait d’être souligné dans cette circonstance, car il n’y a que les domestiques noirs qui sachent regarder ainsi.

« Quelque secours et quelque appui que puisse vous prêter Arsinoé, Mistress, dis-je, je m’estime heureux du droit qui m’appartient d’être votre protecteur pendant cette traversée.

- Si c’est un droit, me répondit-elle en riant, je ne vous en aurai aucune obligation. Mais comment se fait-il que je vous trouve ici ? D’après ce que vous nous aviez dit, vous ne deviez faire ce voyage que dans quelques jours.



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