Harry Dickson - Tome 3 by Jean Ray

Harry Dickson - Tome 3 by Jean Ray

Auteur:Jean Ray [Ray, Jean]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2011-07-07T22:00:00+00:00


5. Le visiteur invisible

Il était onze heures quand Dickson revint chez lui. Il était littéralement harassé et il se coucha immédiatement, en prévision des dures journées qui allaient suivre. Mais il était dit qu’il ne pourrait jouir longtemps de ce repos bien gagné. Le téléphone se mit en branle avec frénésie.

– Allô, qui est là ? dit-il d’une voix peu amène.

Une voix, qui ne lui était pas inconnue, demanda :

– Est-ce bien vous, monsieur Dickson ?

– Mais oui… Et vous, qui êtes-vous ?

– Ne me reconnaissez-vous pas ? demanda la voix avec désespoir. Mon Dieu ! je n’ose pas dire mon nom au téléphone, et si par hasard vous me reconnaissez, ne le dites pas. Le téléphone lui-même n’est pas sûr, monsieur Dickson. Je n’ose pas rentrer chez moi.

Le détective reçut comme un choc électrique.

Il venait de reconnaître, bien que déformée par la peur, la voix du professeur Bunsing !

– Il faut que je vous voie, implora la voix à l’autre bout du fil… Tout cela est si étrange, tellement impossible… Puis-je vous voir ?… Où ?…

– Je vous ai compris, répondit Harry Dickson. Parlons peu et bien. Etes-vous loin de chez moi ? Voulez-vous venir ici ?

– Je n’ose pas, gémit la voix, et je suis si loin ! On m’a dépouillé de tout. C’est tout juste si on m’a laissé quelque monnaie. Et puis, j’ai peur… Oh, mais si peur !

– Où êtes-vous ? s’impatienta le détective.

– Très loin ! près de Kent Waters Works… Je téléphone d’une cabine publique de Lewisham Jonction… Il y a des gens qui attendent leur tour pour téléphoner, dirait-on. Mais je crains que l’on m’observe.

Harry Dickson réfléchit, l’espace d’une seconde.

– Ce n’est pas une indiscrétion du téléphone que nous avons à craindre, dit-il, mais de vous-même. N’oubliez pas que des gens exercés peuvent comprendre ce que vous dites, rien qu’en lisant sur vos lèvres. Alors, nous allons user d’un vieux truc. Vous a-t-on laissé vos cigarettes et votre briquet, ou vos allumettes ?

– Oui, dit la voix.

– Très bien, allumez une cigarette, soufflez un grand jet de fumée autour de l’appareil, puis dites vite, très vite, où vous m’attendrez.

– Très bien, j’obéis…

Harry Dickson entendit le déclic d’un briquet à essence.

– Au coin de Loam Pitt Hill et de Sand Rock…

– Ça va… Je coupe !

Le détective interrompit la communication et se mit à rire.

– Imbécile, murmura-t-il d’un ton méprisant. On veut se faire passer pour Mr. Bunsing, sans connaître le personnage. Or, Mr. Bunsing a le tabac en horreur !

De nouveau, il se mit à réfléchir.

– On désire m’entraîner loin de chez moi. C’est clair comme de l’eau de roche. Et l’on sait fort bien que je n’aurai pas l’écrin d’Horeb sur moi… Par conséquent, on viendra le chercher ici, pendant mon absence. Quels enfants !

Il jugea inutile de prendre de plus amples précautions et se contenta d’éteindre partout les lumières. Cela fait, il s’installa dans un cabinet attenant à sa bibliothèque, un revolver à sa portée.

Minuit sonnait au cartel de la salle à manger, quand il entendit le bruit d’une lourde automobile remontant la rue silencieuse.



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