La Forteresse de Makiling by Hamme Jean Van

Auteur:Hamme, Jean Van [Hamme, Jean Van]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Belge, Thriller
Éditeur: Titinefleming - Gigatribe (Martine - TAZ)
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

Les muscles de Largo se relâchèrent. Il ne s’était même pas rendu compte à quel point ils s’étaient contractés.

— Qui ? demanda-t-il.

— Je n’en sais rien.

— Qui, Anderson ?

L’autre écarta les bras, furieux.

— Je vous dis que je n’en sais rien, merde ! D’accord, j’ai appris qu’un Occidental avait été arrêté en même temps que les Moros. Mais du moment qu’il ne s’agissait pas d’un Américain, je n’en avais rien à foutre, moi ! Vous pouvez comprendre ça, Winch ?

— En me mettant à votre place et en faisant un très gros effort, oui, je peux essayer de le comprendre. Ce que je ne comprends pas, par contre, c’est pourquoi cette gravure de mode d’Ortega m’a menti aussi platement.

Anderson était lancé.

— Mais, mille milliards, éructa-t-il, parce qu’il n’allait tout de même pas vous laisser foutre en l’air sa belle combinaison.

— Quelle combinaison ?

L’autre en sursauta, l’œil rond.

— Ma parole, Winch, vous êtes naïf ou vous le faites exprès ? Cette guerre contre les musulmans lui permettra de passer pour un héros, et lui et sa clique en profiteront pour balayer Marcos et prendre le pouvoir, tout simplement.

— Rien que ça, siffla doucement Largo. Et son chef, l’amiral Costamante ?

— Il ne compte pas. Il suivra ou disparaîtra, comme les autres vieilles badernes du GQG. Ce seront les colonels, Winch. Comme à Athènes en 1967. C’est mon boulot de prévoir ce genre de choses et j’ai déjà fait un rapport dans ce sens. Au nom du ciel, vous gardez ça pour vous, hein ? Voilà que vous me forcez à divulguer mes petits secrets d’État, maintenant.

— Laissez-moi deviner… Ortega a fait rafler quelques Moros au hasard pour les condamner à grands coups de tam-tam et, Dieu sait pourquoi, Ben Chaïm s’est trouvé pris dans le lot. Si c’est de lui qu’il s’agit. Si je parviens à le tirer de là et que les Moros sont innocents, il le clamera bien haut, et toute la combinaison du beau colonel s’écroule. C’est bien ça ?

— Évidemment. Vous vous rendez compte dans quoi vous êtes venu mettre les pieds, Winch ?

— Ouais… Et vous, Anderson, de quel côté êtes-vous ?

Le massif diplomate se figea.

— Moi ?

— La CIA, si vous préférez. C’est elle qui finance le coup ?

— Non.

Il faut de l’argent pour prendre le pouvoir. Même quand il s’agit d’un putsch militaire. D’où vient-il, si ce n’est pas des Américains ?

— Les gros capitalistes philippins qui veulent se débarrasser du népotisme des Marcos ne manquent pas, ronchonna Anderson en haussant les épaules.

— Passons, dit Largo sans le quitter des yeux. Si vous n’êtes pas derrière Ortega, rien ne vous empêche de m’aider, n’est-ce pas ? Je suppose que vous pouvez facilement vous renseigner sur le huitième homme de Makiling…

— Mais, bon sang, comprenez donc, Winch ! Si je vous tuyaute, Ortega saura forcément d’où ça vient. Et s’il réussit son coup, je suis brûlé à Manille.

— Peut-être. Mais s’il le rate, vous aurez été du bon côté. Par contre, si vous me laissez tomber et que Marcos reste au pouvoir, c’est auprès de lui que vous serez brûlé.

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