galaxie 143 by collectif

galaxie 143 by collectif

Auteur:collectif
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2014-05-11T04:00:00+00:00


Fownes apparut sur le seuil et épousseta le plâtre qu’il avait sur ses souliers. Il n’avait pas vu la voiture de police et, concentré sur ce qu’il faisait, il n’avait manifestement pas vu non plus que la maison bougeait. Il n’avait rien remarqué d’anormal. Il ressentait bien quelques vibrations, mais il n’y prêtait aucune attention particulière. Une sorte d’alambic géant reliait la maison au système central de ventilation du dôme et, c’était connu, l’air sous pression qui en sortait provoquait des turbulences contre les parois intérieures, assez légères, de la maison. Il le savait et il ne lui était jamais venu à l’idée de regarder l’effet depuis l’extérieur. Il rentra et lança son veston sur le sofa. Traversant le séjour, il s’arrêta pour serrer une manette. Toutes les fenêtres se fermèrent en claquant.

« Voilà, étanche comme un sous-marin, » se dit-il satisfait. Puis, à l’autre bout de la pièce, il s’arrêta à nouveau devant l’armoire au pied de l’escalier. « Je suis comme un coq en pâte. »

L’armoire du rez-de-chaussée était en fait une centrale de commande, avec une profusion de rouages entourant le maître-mécanisme, lequel était un compteur miniature, qui faisait 365,25 mouvements de va-et-vient dans l’heure. À côté, les rouages paraissaient curieusement imposants. C’étaient tous de vieux rouages, provenant d’horloges et de boîtes à musique de l’ancien temps. Et tout cela tournait gracieusement au rythme de 30 ou 31 tours à l’heure. Il n’y avait qu’une seule came excentrique qui oscillait entre 28 et 29 fois dans le même temps. Il les regarda un bon moment briller dans l’obscurité de l’armoire, et régla le mécanisme pour 7 heures du soir, pour le 7 avril, le 7 avril de n’importe quelle année.

Dehors, la ville sous dôme s’évanouit, aussitôt remplacée par une illusion. Plus exactement, comme Fownes l’avait espéré, l’illusion de la ville sous dôme disparut et fut remplacée par une autre, plus satisfaisante et plus fonctionnelle, compte tenu du but précis qu’il avait en tête. Effectivement, regardant par la fenêtre, il ne vit plus qu’un jardin.

Au lieu du soleil orange perpétuellement au zénith, il voyait, se couchant radieusement à l’horizon, un soleil rouge, à peine voilé de temps en temps par une brume passagère, qui laissait une odeur d’ozone dans l’air. Il y avait aussi une lune, si gigantesque qu’elle cachait une immense partie du ciel. Et elle chantait. Les astres surplombaient le jardin qui, lui-même, scintillait d’innombrables roses de néon. Un clair de lune et des roses, voilà qui est parfait, se dit-il… Il ne manque plus que la chanson fameuse « Cocktails for two ».

Et puis, flûte ! si c’est une autre, tant pis ! Il regardait le tableau pendant que la lune jouait « C’est toi ma petite folie ». Il vit les roses de néon virer du rouge vif au violet. Puis il revint à l’armoire de commande et mit en marche le parfum. Aussitôt la maison se mit à dégager un parfum de rose, comme si elle était elle-même une fleur. Maintenant la lune chantait « Les amoureux qui se bécotent sur les bancs publics ».



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