Galaxie 119 by Collectif

Galaxie 119 by Collectif

Auteur:Collectif
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF
Éditeur: OPTA
Publié: 1974-01-29T04:00:00+00:00


ELLE n’était jamais pressée, jamais embarrassée. Il fallait un certain temps à l’observateur négligent (ce que Merrihew n’était certainement pas) pour s’apercevoir que l’accueil n’était qu’une toute petite partie de ses fonctions. Son pupitre était constamment en activité-lumières douces et chuchotis, petits clignotements et murmures, à chacun desquels elle répondait selon la demande. Par moments, elle semblait s’enfoncer dans une sorte de méditation – les mains jointes sur les genoux, les yeux baissés – et dans ces instants il fallait un œil exercé, aussi perçant que celui de Merrihew, pour deviner qu’elle était en train de parler et que ce n’était pas un entracte mautique – et que la manipulation rythmique, de temps en temps, du petit ornement scintillant, de forme simple, qu’elle avait à sa gorge n’était pas davantage méditative.

Ainsi, tandis que tous ceux qui entraient pouvaient découvrir une pièce parfaitement décorée et reposante à l’extrême, sous la direction d’une jeune femme frappante de beauté, bien installée sur une banquette confortable, une jeune femme qui les mettait à l’aise sans précipitation, partageait leurs soucis pour un moment, faisait ce qu’il fallait faire, puis se retirait apparemment dans ses pensées, il se passait en fait beaucoup plus de choses. Dans les intervalles entre le flux et le reflux des gens – qui attendaient, qui partaient, qui livraient, qui recevaient, qu’on guidait et qu’on introduisait, qui étaient accueillis et reconduits par du personnel surgissant soudain de l’intérieur, et qui comprenaient, par deux fois ce matin-là, des troupeaux d’enfants terrifiés à qui on faisait visiter l’installation – durant ces accalmies où Merrihew était seul avec Miss Kuhli (qui à chaque fois accusait cette vague intimité d’un sourire charmant ; jamais une seconde elle ne parut l’avoir oublié), il pouvait, grâce à son ouïe fine, extraire du miracle d’insonorisation autour d’elle un peu de l’avalanche de détails dont elle s’occupait. Clignotements et pulsations de petites lampes, attouchements rapides de ses longues mains sur des taches lumineuses qui ne pouvaient être que des interrupteurs électrostatiques, et de temps en temps lueur de l’holoécran, à chaque fois elle donnait une réponse rapide, manuelle ou vocale. Non pas qu’elle n’eût pas une minute à elle, loin de là ! C’est dans l’une de ces accalmies que leurs yeux se rencontrèrent – il avait veillé à cela en la fixant obstinément, au risque de se dessécher les globes oculaires – et qu’elle lui fit ce sourire incroyable, compatissant, en lui disant : « Vraiment, il vous fait attendre si longtemps !…» Avec quelle sollicitude, quelle inquiétude. « Attendez, je vais…»

Ses doigts voletèrent sur le pupitre et son visage fut faiblement éclairé par la lueur de l’holoécran, ce qui n’entrait pas dans les vues de Merrihew. « Loïs, Mr Merrihew attend depuis si longtemps !…»

Lois, selon son attente, dit ce qu’il fallait dire, et la lueur s’éteignit. « Un problème s’est présenté, » s’apitoya Miss Kuhli, « et Mr Handel aimerait que vous attendiez encore un peu, si ça ne vous dérange pas. »

« Pas du tout, » dit Merrihew avec sincérité.



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