Futurs pas possibles by Asimov Isaac

Auteur:Asimov, Isaac [Asimov, Isaac]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science Fiction
Éditeur: Pocket
Publié: 1991-10-01T22:00:00+00:00

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* *

La première heure s’écoula au sein de ce silence qui s’installe entre les gens qui ont trop de choses à se dire. Jackie gardait la tête baissée pour étudier les images satellitaires et me fournissait des instructions claires et pertinentes. Je scrutais le terrain qui s’étendait devant nous, conduisais, suais à grosses gouttes et m’interrogeais sur les causes de ma migraine.

— Accepteriez-vous de me rendre un service, dans un domaine que certaines femmes jugent répugnant ? lui demandai-je enfin.

— Quoi ? Pendant que vous conduisez ?

— Plongez la main dans le sac à dos calé derrière votre siège et passez-moi un cigare.

— Beurk. »

Elle se pencha et glissa le Poona allumé entre mes lèvres. Je me tournai afin de la remercier d’un signe de tête et pus constater qu’elle avait utilisé des serviettes en papier pour essuyer son maquillage. Des taches de sueur décoloraient les aisselles et le dos de sa robe de cotonnade qui n’était plus blanche mais grise de poussière. Des ruisselets de transpiration coulaient sur ses sourcils et ses joues.

« La température commencera à baisser dans deux heures environ, lui annonçai-je.

— Encore deux heures à vivre dans cet enfer. Seigneur ! » Je la regardais toujours lorsqu’elle leva ses mains vers sa chevelure et l’arracha de son crâne.

« Vous avez une perruque, commentai-je, sans réfléchir.

— Pas une, mais six. Un look pour chaque occasion. Ou la plupart. » Elle soupira et fit courir ses doigts dans ses cheveux véritables. « Bon Dieu, que c’est agréable ! »

Ils étaient courts, une coupe presque masculine, blond clair avec quelques touches de gris. Sans sa perruque son visage avait une forme différente et, chose étrange, elle paraissait plus jeune.

Elle soutint mon regard, à peine embarrassée. « Ça y est, Sam, vous connaissez l’horrible vérité. Je préfère vous laisser un répit, avant de retirer mon œil de verre et ma jambe de bois.

— Vous tombez de plus en plus bas. Prenez donc un cigare.

— Je n’en suis pas encore là. Mais je vendrais père et mère contre un verre de jus d’orange bien frais. » Elle rit. « Ce n’est pas très gentil pour ce pauvre Will, mais je suis ravie de ne pas être dans l’autre camion. Paddy est soûl à longueur de temps et Gerald perd la raison. »

Je ne trouvai pas son air joyeux très convaincant.

« Vous avez eu un accrochage avec Gerald, déclarai-je.

— Qu’est-ce qui vous permet de dire une chose pareille ?

— Simple supposition. Vous sembliez tous les deux impatients de vous séparer, et vous aviez l’air épuisée, ce matin. Vous vous êtes disputée avec lui la nuit dernière, juste après m’avoir quitté.

— Non, avant de venir m’asseoir près de vous. C’est d’ailleurs pour cette raison que je suis allée vous tenir compagnie… afin qu’il me laisse tranquille.

— Je me sens flatté.

— La méthode a été efficace. Il n’est pas venu dans ma tente. J’ai quand même passé une nuit épouvantable. Je fais partie des gros dormeurs. Je m’endors dès que ma tête touche l’oreiller.

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