Femmes qui courent avec les loups : histoires et mythes de l'archétype de la femme sauvage by Estés Clarissa Pinkola

Femmes qui courent avec les loups : histoires et mythes de l'archétype de la femme sauvage by Estés Clarissa Pinkola

Auteur:Estés, Clarissa Pinkola [Estés, Clarissa Pinkola]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


S’il fallait traduire l’animus sain en une métaphore espagnole, nous dirions qu’il est el agrimensor, l’arpenteur, qui effectue les relevés du terrain et mesure les distances entre deux points, détermine les limites et trace les frontières. On pourrait aussi l’appeler el juga-dor, le joueur, qui connaît l’art de placer les pièces du jeu. Ce sont là certains des aspects les plus importants d’un animus robuste.

L’animus fait donc un va-et-vient entre deux territoires et quelquefois trois : le monde souterrain, le monde intérieur et le monde extérieur. Toutes les idées, tous les sentiments d’une femme sont rassemblés et

transportés par l’animus, qui est sensible à chacun de ces mondes. Il lui rapporte des idées « de l’extérieur » et emporte des idées issues de son âme-Soi de l’autre côté du pont, pour qu’elles portent du fruit et se retrouvent « au marché ». Sans celui qui construit et entretient ce pont entre les territoires, la vie intérieure de la femme ne peut se manifester convenablement au monde extérieur.

Nul besoin, en vérité, de l’appeler « animus ». On peut le qualifier par les mots, par les images que l’on veut. Mais il est important de comprendre qu’il existe actuellement dans le monde féminin une méfiance envers l’élément masculin ; pour certaines, il s’agit de la crainte d’« avoir besoin du masculin », pour d’autres, d’une pénible convalescence après avoir été écrasées. Généralement, cette attitude provient des traumatismes subis autrefois, quand les femmes étaient traitées comme des esclaves et non comme des personnes, traumatismes qui commencent à peine à cicatriser. La Femme Sauvage a encore à la mémoire le temps où l’on jetait à la décharge les femmes de talent, où une femme ne pouvait avoir d’idée qu’en la plantant et en la fertilisant en secret dans le jardin d’un homme, lequel la manifestait alors sous son propre nom.

Je crois en fin de compte que nous ne pouvons rejeter toute métaphore susceptible de nous aider à voir et à être. Je ne saurais pour ma part me servir d’une palette à laquelle manquerait le rouge, ou le bleu, ou le jaune. Vous non plus, d’ailleurs. Or, l’animus est une des couleurs primaires de la psyché féminine.

Ainsi, plus que la nature de l’âme féminine, l’animus, ou la nature contra-sexuelle des femmes, est une intelligence psychique profonde qui fait le va-et-vient entre les mondes, entre les différents nœuds de la psyché. Cette force a la capacité d’extravertir et d’agir les désirs du moi, de mener au-dehors les impulsions et les idées de l’âme, de rendre concrète, manifeste, la créativité de la femme.

La manifestation effective de pensées, d’impulsions

L ’eau claire : nourrir la vie créatrice 427 et d’idées cohérentes est l’élément fondamental du développement positif de l’animus. Or, même si nous parlons ici d’un développement positif de l’animus, il faut introduire une mise en garde : c’est en pleine conscience et en s’examinant soi-même que l’on développe un animus intégral. Si l’on n’examine pas, à chaque pas que l’on fait, ses propres motifs, ses propres appétits, on



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