En cherchant majorana by Etienne Klein

En cherchant majorana by Etienne Klein

Auteur:Etienne Klein [Etienne Klein]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Biographie
Publié: 2013-12-11T23:00:00+00:00


Du 5 mars au 12 avril 1933, Majorana séjourne à l’Institut de physique que Niels Borh a créé en 1922 à Copenhague, dès la réception de son prix Nobel de physique, avec l’aide de l’Académie des sciences danoise et des Brasseries Carlsberg, qui offrent des bourses aux chercheurs désireux d’y travailler. C’est une ruche bourdonnante : de jeunes théoriciens passionnés, parlant des langues différentes, s’ébattent dans les méandres de ces deux nouveaux continents que sont l’atome et son noyau. Majorana fait notamment la connaissance du Belge Léon Rosenfeld, qui, comme lui, s’intéresse de près à la physique nucléaire.

En 1964, lorsqu’il entreprit de rassembler et de publier les travaux de Majorana sous le nom de Volumetti, Edoardo Amaldi demanda à ses collègues étrangers qui l’avaient croisé quels souvenirs ils gardaient de lui. Léon Rosenfeld lui répondit qu’il n’eut qu’une seule occasion, en un mois, d’entendre Majorana. « Il était très timide et se contentait d’écouter les conversations sans y prendre part, mais on pouvait lire dans ses yeux qu’il écoutait très attentivement et qu’il avait son propre avis sur ce qui se disait. Le seul avec lequel il paraissait parler librement était Placzek, du fait probablement qu’ils s’étaient connus à Rome. » Georges Placzek avait passé un an via Panisperna dans le groupe de Fermi. Un jour qu’ils se trouvaient tous les trois au café, Rosenfeld demanda à Placzek s’il pouvait utiliser les notes qu’il avait prises. Placzek accepta, mais ses notes étaient longues et il n’en avait pas de double. Rosenfeld le rassura : « Ne t’inquiète pas, ma femme va les recopier. » C’est alors que Majorana fit entendre sa voix : « C’est la femme idéale9 ! » dit-il soudain sans qu’un seul muscle de son visage ne bouge.

C’est à Copenhague que Majorana rencontre Victor Weisskopf, mon futur professeur au CERN, alors tout jeune. Ils ont une discussion approfondie sur les tout derniers développements de l’application de la physique quantique à l’électromagnétisme10. Weisskopf remarque que Majorana parle très timidement mais d’égal à égal avec tous les grands théoriciens qu’il croise. Le Grand Inquisiteur pourrait donc avoir communiqué avec ses semblables un peu plus que ne l’a prétendu Léon Rosenfeld… Quand j’ai découvert ce fait, dans les archives du département de physique de l’université de Rome, j’ai sursauté. J’avais la réponse à ma question : Weisskopf a sans doute évoqué Majorana lors d’un des cours que j’ai suivis ; c’est probablement lui, et non une rue inexistante, qui m’a mené jusqu’à Majorana… Du moins est-ce ce qu’il me plaît désormais de croire.

Au terme de son séjour à Copenhague, Majorana passe les vacances de Pâques dans sa famille, à Rome, puis retourne à Leipzig pour quelques mois. Il continue de parler de Heisenberg dans sa correspondance, mais se montre moins fasciné qu’au moment de leur rencontre. Leur relation ne paraît pas s’être approfondie.

Le 10 mai 1933, des étudiants nazis brûlent sur le parvis de l’université de Berlin vingt mille livres d’auteurs juifs. Majorana a-t-il eu connaissance de cet événement ? Vraisemblablement.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.