Emma by Jane Austen

Emma by Jane Austen

Auteur:Jane Austen [Austen, Jane]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fiction, Littérature sentimentale
Éditeur: Feedbooks
Publié: 1815-10-16T23:00:00+00:00


Chapitre 28

Une absolue tranquillité régnait dans le petit salon où les quatre dames pénétrèrent : Mme Bates, privée de son occupation habituelle, sommeillait d’un côté de la cheminée ; Frank Churchill, assis à une table, était profondément absorbé dans la réparation des lunettes et Jane Fairfax, leur tournant le dos, se tenait auprès du piano.

Malgré ses occupations, le jeune homme manifesta sa satisfaction de revoir Emma. « Voici un plaisir, dit-il d’une voix un peu basse, qui m’échoit dix minutes plus tôt que je ne m’y attendais ! Vous me voyez en train d’essayer de me rendre utile.

– Quoi ! dit Mme Weston, n’avez-vous pas encore terminé ? Vous ne gagneriez pas facilement votre vie comme bijoutier !

– Je n’ai pas travaillé sans interruption, reprit-il. J’ai aidé Mlle Fairfax à assurer l’équilibre de son piano ; il n’était pas bien d’accord, sans doute à cause d’une différence de niveau dans le parquet ; nous avons calé un des pieds avec du papier. C’est bien aimable de votre part, Mademoiselle Woodhouse, de vous être laissée persuader ; je craignais que vous ne fussiez rentrée immédiatement.

Il s’arrangea à ce qu’Emma fût assise auprès de lui ; s’occupa de chercher pour elle les meilleures pommes, essaya de lui faire donner son avis sur le travail qu’il poursuivait. Au bout de cinq minutes, Jane Fairfax s’installa de nouveau au piano. Emma attribua à l’état des nerfs et au trouble de Jane la lenteur des préparatifs. À la fin Jane commença : les premiers accords furent attaqués avec mollesse, mais peu à peu l’instrument fut mis en pleine valeur. Mme Weston avait été enchantée auparavant et elle ne le fut pas moins cette fois ; Emma joignit ses éloges à ceux de son amie et le piano fut proclamé absolument parfait.

– Quel qu’ait été le mandataire du colonel Campbell, dit Frank Churchill, avec un sourire à l’adresse d’Emma, cette personne n’a pas mal choisi. Je me suis bien rendu compte à Weymouth des goûts du colonel Campbell ; la douceur des notes hautes est précisément la qualité que lui et tout ce clan prisaient par-dessus tout. Il a dû donner à son ami des instructions très précises ou écrire lui-même à Broadwood. Ne le pensez-vous pas, Mlle Fairfax ?

Jane ne se retourna pas ; elle n’était pas forcée d’avoir entendu, Mme Weston lui ayant parlé au même instant.

– Ce n’est pas loyal, dit Emma à mi-voix, ma supposition était toute gratuite. Ne la tourmentez pas.

Il secoua la tête en souriant et ne parut nourrir ni doute ni pitié. Il reprit peu après :

– Combien vos amis d’Irlande doivent en ce moment se réjouir du plaisir qu’ils vous ont procuré, Mlle Fairfax. J’imagine qu’ils pensent souvent à vous et cherchent à deviner le jour précis de l’arrivée du piano.

– Jusqu’à ce que j’aie reçu une lettre du colonel Campbell, répondit Jane, d’une voix contenue, je ne puis faire aucune conjecture raisonnable ; c’est à peine si j’ose émettre des suppositions.

– Pour ma part je voudrais bien



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