Ecrire à Sumer - L'invention du cunéiforme by Jean-Jacques Glassner

Ecrire à Sumer - L'invention du cunéiforme by Jean-Jacques Glassner

Auteur:Jean-Jacques Glassner
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Le Seuil
Publié: 2019-08-11T07:16:50+00:00


Fig. 2 : a) Exemple de tablette anépigraphe d’Uruk / Warka

(ATU 5, pl. 30, W 7298) ; b) cachet de Magan

(H. David, Proceedings of the Seminar of Arabian Studies 26,

1996, fig. 7, 4).

Les Mésopotamiens ne sont pas sans connaître les inscriptions sur pierre ou sur métal ni l’emploi du parchemin, des tablettes de bois enduites ou non de cire, voire d’autres sortes de matériaux organiques et périssables comme l’écorce ou le papyrus. Ils n’ignorent pas non plus l’usage de l’encre, des matrices en relief pour la reproduction de formules stéréotypées, ou celui de caractères mobiles d’impression. Mais leur véritable papier est l’argile. Une fois inscrite, elle est séchée au soleil ou cuite au four. C’est un matériau abondant, peu coûteux et pratiquement impérissable, même s’il faut, à la fabrication d’une tablette, une argile raffinée, généralement faite d’un mélange de plusieurs sources différentes afin d’obtenir le grain le plus fin et l’homogénéité la plus grande. Ces faits sont amplement connus, au point que parler d’écriture cunéiforme revient immanquablement à évoquer son support en argile.

C’est la matière même de ce support qui explique la forme que prennent rapidement les signes graphiques et le destin de cette écriture, en usage constant jusqu’aux premiers siècles de notre ère. Mais la forme si caractéristique des signes n’est pas apparue dès l’origine. Il faut, d’abord, s’adapter à l’argile fraîche et à ses exigences. Dans un premier temps, en effet, on commence par écrire des signes aux contours parfois sinueux et dont on s’aperçoit très vite qu’ils sont malaisés à tracer sans bavures gênantes. Le pli n’est pris qu’à la fin de l’époque d’Uruk IV (vers 3200) d’y renoncer en brisant les silhouettes des signes en traits et en segments.

Dans leur grande majorité, les premiers textes sont écrits sur de l’argile ; un petit nombre l’est sur du gypse. La pierre, rare dans le pays, est réputée être réservée à l’enregistrement d’événements importants. Onze documents sont connus qui datent de l’époque d’Uruk III (vers 3200-3000) et qui sont notés sur des pierres de diverses couleurs, noir, rouge, brun clair, vert sombre : parmi elles, l’une est en onyx, une autre en schiste, une dernière en serpentine18 ; un douzième document est peut-être à ajouter à cette liste, une partie de son décor est inspirée de l’écriture, il s’agit d’un cylindre-sceau en marbre blanc19. D’autres supports ont-ils existé, dès cette époque, qui sont aujourd’hui perdus ? D’aucuns le pensent20. P. Charvát suggère que le signe DUB qui traduit le mot sumérien « tablette » (fig. 3) représente un support en matière organique préparé afin de mieux y faire adhérer une matière souple, sans doute de la cire, où l’on puisse écrire21. Mais il n’est, à toutes ces hypothèses, et dans l’ignorance de la valeur première du signe, aucune raison véritable.



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