Des loups sur la piste by Henri Vernes

Des loups sur la piste by Henri Vernes

Auteur:Henri Vernes [Vernes, Henri]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Aventure
Éditeur: Perro
Publié: 2012-10-19T20:23:43+00:00


* * *

— Moi, commandant, fit Bill Ballantine, si un jour j’achetais une Rolls, ce serait un modèle ancien, carré et décoratif, et pas un de ces nouveaux modèles qui ressemblent à des américaines. Pas la peine de posséder une Rolls pour avoir l’air d’un minable.

— Sauf en ce qui concerne le whisky, j’ai les mêmes goûts que toi, Bill, avait répondu Morane.

Tout à fait comme si une vérité première venait d’être annoncée, les deux amis se turent.

La Rolls Royce de Stanley Parker était un de ces modèles nouveaux que Bob Morane et Bill Ballantine n’aimaient pas. Pour le moment, elle les emmenait à travers Montréal à une vitesse de tortue. En raison de la proximité du chauffeur, les deux amis s’entretenaient de choses et d’autres en évitant soigneusement de parler de l’affaire Lamont. Il était en effet fort probable que le chauffeur fût complice de son patron et qu’il était chargé de lui rapporter les propos échangés durant toute la durée du parcours.

Toujours sans dépasser la vitesse permise, la Rolls avait roulé le long de l’avenue Sherbrooke, en direction du sud-ouest. À Notre-Dame-de-Grâce, elle avait tourné à gauche, longé Upper Lachine Road, jusqu’à l’embranchement Montréal-St-Anne. Là, il s’était engagé dans Lafleur et avait atteint LaSalle.

Bob Morane se pencha en avant, en direction du chauffeur, pour demander :

— Où vous nous conduisez comme ça ?… À l’autre bout du monde ?

La réponse vint aussitôt.

— Les bureaux de monsieur Parker sont de l’autre côté du St-Laurent. À la hauteur de Caughnawaga…

— Caughnawaga ! fit Bill Ballantine, qui avait entendu. J’parie qu’avec un nom pareil on va y rencontrer des Peaux-Rouges…

Satisfait de la réponse du chauffeur, Morane s’était renversé en arrière. Il ne leur restait plus, à Bill et à lui, qu’à prendre patience. Malgré qu’ils allaient vers l’inconnu, ils n’étaient pas inquiets. Conscients de leur force, ils savaient que le chauffeur ne présentait pas de danger immédiat. Même s’il était armé. Il y avait longtemps qu’un revolver ne leur faisait plus vraiment peur. Bien sûr, par la suite, des éléments nouveaux pouvaient venir aggraver la situation. Mais cela c’était le futur, et ils avaient pris l’habitude de ne s’occuper que du présent.

LaSalle traversée, la voiture s’était engagée sur le pont Honoré-Mercier. Bob et Bill eurent tout juste le temps de jeter un coup d’œil, à leur gauche, sur les rapides de Lachine qui changeaient les eaux du Saint-Laurent en bouillon de sorcière. Déjà, on avait atteint l’autre rive, franchi le canal Seaway et atteint le Kanawaki Golf Club.

Pendant quelques minutes, la Rolls longea l’étendue verte des greens, puis elle tourna à droite dans une artère secondaire qui, à travers des terrains vagues, filait en direction de Caughnawaga.

Le chauffeur se retourna sur son siège, dit simplement :

— Nous allons bientôt arriver.

— L’était temps, commenta Ballantine. Si on avait su, on aurait pris un en-cas…

À gauche de la route, des constructions se dressèrent brusquement. À vrai dire, plutôt quelques hangars cernés de clôtures. Au-dessus de l’entrée, une grande pancarte avec ces mots : LAMONT & Parker – Mining – ltée.



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