de la Belgique by Dictionnaire

de la Belgique by Dictionnaire

Auteur:Dictionnaire [Dictionnaire]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Reference, Encyclopedias
ISBN: 9782259248686
Google: vRihCgAAQBAJ
Éditeur: EDI8
Publié: 2015-10-07T22:00:00+00:00


Kessels, Willy

L’histoire commence dans les derniers jours du mois de février 1996. On est au musée de la Photographie à Mont-sur-Marchienne, tout près de Charleroi, et son directeur, Georges Vercheval, s’active pour que l’inauguration de l’exposition consacrée au photographe flamand natif de Termonde Willy Kessels (1898-1974), programmée de longue date, se déroule le 1er mars sans la moindre anicroche.

Georges Vercheval, c’est l’âme du musée, qu’il a créé en 1987 et dont il assurera la direction jusqu’en 2000. Comme il est l’honnêteté intellectuelle incarnée, il fait part à son conseil d’administration que Willy Kessels, s’il a bel et bien été un photographe exceptionnel, un artiste qui a exalté dans ses œuvres des idées d’avant-garde, n’a pas du tout été, en revanche, un homme recommandable. Willy Kessels, précise-t-il, a été lié avec le Verdinaso, un mouvement extrémiste flamand créé en octobre 1931 par le politicien Joris Van Severen, et ne s’est pas privé, durant la Seconde Guerre mondiale, de collaborer avec les nazis et de travailler ouvertement pour eux. D’ailleurs, ajoute Georges Vercheval, Willy Kessels a été jugé en bonne et due forme et condamné pour ces faits à quatre ans de prison.

Or voilà que le socialiste carolorégien Jean-Pol Demacq, le président du conseil d’administration du musée, décide contre toute attente d’annuler purement et simplement l’exposition et, par voie de conséquence, de ne pas mettre en vente le catalogue. Il estime que l’ouvrir équivaudrait à une « réhabilitation » de Willy Kessels – un point de vue que soutient Le Journal de Charleroi, indigné que l’exposition se tienne « dans un endroit public avec des deniers publics pour le public ». « Les montreurs de nazis sont des nazis aussi », y déclare notamment le peintre expressionniste Charles Szymkowicz.

Georges Vercheval est sous le choc. Mais il a beau s’indigner et protester, il a beau dire et répéter qu’il ne comprend pas, il a beau parler de scandale et de censure arbitraire, la décision est irrévocable. À ses yeux, et selon ses propres mots relayés immédiatement par la presse, aussi bien en Belgique qu’à l’étranger, c’est « une victoire des partisans de l’obscurantisme ». Il entame alors un combat afin de montrer que certains artistes talentueux (Filippo T. Marinetti par exemple) se sont fourvoyés dans leurs attitudes politiques et idéologiques, et qu’il serait absurde de vouloir cacher leurs erreurs. À ce train, dit-il, on devrait renoncer à jamais à toute recherche historique. Et donc à toute recherche de la vérité.

En novembre 1997, Georges Vercheval peut considérer qu’il a marqué des points lorsque s’ouvre l’exposition « Amnésie. Responsabilité et collaboration. Willy Kessels, photographe », au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles (il n’était pas encore question de Bozar). Le même mois, il donne au mensuel Art et Culture un important article dans lequel il trace l’itinéraire contrasté, paradoxal et inadmissible de Willy Kessels et évoque l’attaque dont il a été la victime au musée de la Photographie. « […] elle est venue du côté où nous ne l’attendions pas, de quelques ultra-régionalistes d’opérette ou pompiers pyromanes, poussant devant eux quelques anciens combattants mal informés, désemparés.



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