Dans la gueule de l'ours by McLaughlin James A

Auteur:McLaughlin, James A. [McLaughlin, James A.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: thriller
ISBN: 9782374252056
Éditeur: Rue de l'échiquier
Publié: 2020-01-16T12:13:46+00:00

Rice trouva la pochette plastique des cadenas et ouvrit le dernier disponible avec sa clef. Le deuxième cadenas était très haut dans la montagne, protégé par des guêpes à l’intérieur du boîtier métallique fixé sur le portail du service des Eaux et Forêts. Avant la fin de la semaine, il monterait là-haut un demi-rouleau de fil de fer barbelé pour réparer la partie de la clôture que, il en était certain, les Stiller avaient coupée avant d’entrer dans la propriété.

Il laça ses chaussures montantes, versa le contenu de toute une cafetière dans une grande bouteille thermos, puis partit sur le chemin. Une balade paisible, espéra-t-il, l’aiderait à retrouver ses esprits. La journée s’annonçait calme, hormis une légère brise qui se transformait parfois en bourrasque malmenant les branches. Le gravillon crissait sous ses semelles. Les sauterelles étaient omniprésentes ; des corneilles croassaient au loin. Quelques feuilles mortes quittèrent les arbres, s’envolèrent au-dessus de lui, translucides et brillant un bref instant dans le soleil.

La Montagne de Maints Autres. Boger avait sûrement inventé cette connerie.

À l’entrée, le portail était fermé – les Stiller l’avaient sans doute laissé grand ouvert, mais Boger avait beau être en rogne, il ne pouvait pas s’en aller sans le refermer. Rice ouvrit la boîte à lettres en se disant que les Stiller étaient peut-être revenus y mettre un serpent à sonnette vivant, mais elle était tellement bourrée de courrier inutile qu’il n’y aurait pas eu la place pour ça. Manifestement, il ne l’avait pas vidée depuis un moment : publicités, journaux gratuits, lettres d’associations adressées à Sara et qui n’avaient pas été transférées, épaisses brochures de coupons pour des merdes dont il n’avait pas besoin. Il laissa la boîte telle quelle en se promettant de la vider bientôt. Aucun courrier ne lui était destiné. Tout ce qu’il aurait pu recevoir à son ancienne adresse de Tucson, il l’avait fait suivre vers des boîtes postales où il ne comptait nullement se rendre.

Un pick-up rouge équipé d’un treuil et d’un pot d’échappement vertical franchit le virage en rugissant juste au-delà du chemin. Rice recula sur le bas-côté tandis que le conducteur frôlait la boîte à lettres avant d’accélérer encore dans la ligne droite, en route vers Stumpf. Le passager se retourna pour regarder par la fenêtre arrière, en riant, des dents bien blanches au milieu d’une barbe noire peu fournie. Un visage inconnu de Rice. Un autocollant translucide en haut de la fenêtre annonçait en majuscules AIE PEUR DE ÇA, une variante du slogan MÊME PAS PEUR que les ados de la région semblaient affectionner. Rice se demanda si ces garçons connaissaient quoi que ce soit à la peur. S’ils avaient la moindre idée de ce que leurs slogans idiots signifiaient.

Il referma le portail derrière lui et fixa la chaîne avec le cadenas tout neuf en acier laminé. Au bout de quelques recherches, il trouva l’ancien dans les mauvaises herbes, sa tige coupée. Ce n’était pas un petit cadenas, mais maintenant son jumeau, ou son triplé, semblait bien fragile accroché là contre le montant central.

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