Coup de masse aux Bahamas by Josette Bruce

Auteur:Josette Bruce [Bruce, Josette]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Espionnage
ISBN: 2-258-00583-3
Éditeur: Presses de la Cité
Publié: 1979-01-22T05:00:00+00:00

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* *

La rue était plongée dans le noir. Elle était bordée de petites maisons modestes. Une transition entre le pseudo colonial un peu trop clinquant et les masures franchement lépreuses de Congo et Over-the-Hill. Une petite voie faussement tranquille.

Enrique percevait une sorte de danger latent, encore plus fort que le parfum des hibiscus. Tapi dans l’obscurité, il essayait de le localiser et d’en identifier la nature.

Il avait laissé sa voiture deux cents mètres avant la station Shell pour arriver à pied, et avait effectué un détour par l’autre extrémité de la rue. Toujours prudent.

Mètre après mètre, il s’était avancé dans l’ombre, sans bruit, de plus en plus persuadé qu’un traquenard était en place à peu de distance. Il le ressentait avec une intensité physique.

Sa corde à piano en main, poignées amovibles bien calées dans les paumes, il se concentrait sur son acuité visuelle pour tenter de découvrir l’adversaire.

Rien à faire. L’autre devait être bien planqué et restait parfaitement immobile.

Un bruit de pas furtifs l’alerta soudain. Dans son dos.

Un second adversaire manœuvrant pour le coincer en sandwich ? Il serait arrivé de manière plus discrète. Un leurre pour l’inciter à se dévoiler et lui tomber alors dessus ?

Retenant son souffle, Enrique décida de ne pas bouger. La balle serait alors dans l’autre camp. À eux de se démasquer.

Le nouvel arrivant s’était immobilisé quelques secondes, examinant la rue. Après quoi, il se remit à avancer lentement en serrant le long des haies, passant tout près d’Enrique sans l’éventer.

« S’il n’est pas dans le coup, songea ce dernier, il va trinquer… »

Cela ne rata pas. Une quinzaine de mètres plus loin, une ombre surgit brusquement entre deux jardins. Elle se déplia comme un ressort, le bras brandi au-dessus de la tête. La matraque s’abattit dans le mouvement.

L’homme qui avait dépassé Enrique tenta bien de se jeter sur le côté. Peine perdue. Il encaissa sur le crâne et piqua du nez comme une masse. L’autre avait suivi et frappa de nouveau pour plus de sûreté.

Enrique balança une courte seconde. Il risquait d’y avoir un second matraqueur embusqué du côté de la station-service, verrouillant l’autre portion de rue. Tant pis. Il se releva et s’approcha aussi silencieusement qu’un chat.

C’était le bon moment ; celui où la satisfaction de la victoire amène un relâchement de la vigilance ; où l’attention est distraite.

De fait, le matraqueur ne se rendit compte de rien. Il se relevait après avoir palpé les vêtements de sa victime quand la boucle de la terrible corde lui siffla aux oreilles et s’abattit sur ses épaules, se refermant aussitôt autour de sa gorge.

— Ne bouge pas et laisse tomber ta matraque ! murmura Enrique. Au moindre geste, ta tête roule dans la poussière.

Le type se raidit et gronda :

— Qu’est-ce que…

Visiblement, il ne prenait pas la menace à la lettre.

Enrique écarta un peu plus les mains de telle sorte que le fil d’acier, tranchant comme un rasoir, entame la peau.

— Ce n’est pas une plaisanterie, affirma-t-il. Cette corde est capable de te couper la tête comme si c’était du beurre.

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