Continents perdus by Collectif

Auteur:Collectif [Collectif]
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF
Éditeur: Lunes d'encre
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

« Réveillez-vous, bon sang. Réveillez-vous. »

Myburgh ouvrit les yeux ; le cauchemar l’avait désorienté. Il vit Wessels – alias Pampoenkop – dressé au-dessus de lui et songea que le véritable cauchemar ne faisait que commencer. Wessels semblait capable de le voir.

« Qui êtes-vous ? Que faites-vous ici ? »

Myburgh battit des cils. La tête de Wessels – son volume, ses sourcils obliques, ses dents déchaussées, ses multiples mentons – ressemblait vraiment à une citrouille.

« Répondez, s’il vous plaît.

— Quelle heure est-il ? » demanda Myburgh en afrikaans. (Un instant. Il avait une montre. Il la consulta : 3:45.)

« L’heure de répondre à mes questions, dit Wessels. Vous êtes dedans jusqu’au cou, mon vieux. »

Myburgh resta allongé. Roulant sur lui-même, il se colla aux barreaux de la cellule. Thubana semblait plongé dans le sommeil, ou dans le coma. Il avait fait choir la veste, dénudant en grande partie son dos.

« Vous me voyez, dit Myburgh.

— Je ne suis pas aveugle. Comment êtes-vous entré ? »

Myburgh secoua la tête pour chasser de son esprit certaines images déconcertantes et déglutit pour se déboucher les oreilles. Son pied gauche, tendu vers le policier, ressemblait à une grosse saucisse couverte de taches. Wessels fit mine de shooter dedans, et Myburgh se cogna la tête aux barreaux.

Un avertissement. Un simple avertissement.

« Je m’appelle Gerrit Myburgh, je suis conseiller financier chez Jacobus & Roux. J’ai eu un accident de voiture en revenant de Huilbloom, la ferme familiale. Je suis venu ici pour le signaler.

— Vous devez vous adresser à la police municipale, Meneer Myburgh.

— L’accident s’est produit en dehors de la ville.

— Vous vous êtes quand même trompé d’adresse. Ici, c’est la section spéciale, Meneer Myburgh. Vous n’avez rien à y faire. »

Myburgh désigna Thubana d’un mouvement de la tête. « De toute évidence, cet homme a vécu l’enfer. Pourquoi est-il tout nu ?

— C’est vous qui lui avez donné cette veste ?

— Il avait sans doute froid. Il a toujours froid, d’ailleurs. »

Wessels se maîtrisait pour ne pas exploser. Peut-être soupçonnait-il Myburgh d’appartenir à quelque club de simulateurs que le gouvernement aurait chargé d’éprouver la compassion des policiers.

Il finit par céder à sa nature. « Vous n’êtes qu’un stupide kaffirboetie, Meneer Myburgh.

— Cet homme a besoin de soins médicaux.

— Et nous, nous avons besoin de réponses à nos questions. Levez-vous et suivez-moi. »

Myburgh le fixa avec insolence. Il se mit à masser la plante de son pied nu. Peut-être aurait-il été préférable qu’il demeure en matière-ombre aux yeux de ses semblables jusqu’à ce qu’il ait trouvé un moyen de secourir les deux Africains innocents détenus dans ce bâtiment – à condition que ce soit possible.

« Vous lui avez donné une veste, reprit Wessels. Peut-être que vous lui avez donné autre chose ? Des instructions, par exemple ?

— Téléphonez à mon frère. Téléphonez à mes employeurs, chez Jacobus & Roux. Il y a des douzaines de personnes qui peuvent se porter garantes pour moi.

— À cette heure de la nuit ? » Wessels se retourna et lança

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