Bonne mesure by Jean Bruce

Auteur:Jean Bruce [Bruce, Jean]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Publié: 1973-08-13T04:00:00+00:00

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Il était bien près de midi lorsque Charles vit ressortir Martin Coster de chez Van Borgh, avenue Louise.

Sans attendre, il se présenta lui-même à la grille et sonna. Arthur vint lui ouvrir. L’air toujours aussi balourd, les oreilles toujours aussi décollées, le nez aussi épaté… Toujours portant son grand tablier blanc sur un gilet noir rayé jaune.

— Bonjour ! fit Charles, très amical.

L’autre grogna pour toute réponse, l’œil meurtrier.

— Vous manque plus qu’un plumeau à la main, vous seriez complet, jeune homme ! reprit Charles, de plus en plus amical.

Le valet le conduisit dans le salon Louis XIII. Charles regarda les sièges d’un air dégoûté puis, sentant que le domestique-cerbère était toujours là, il se retourna. Arthur était figé dans le cadre de la porte. Il grinça des dents :

— Un jour, je vous casserai la gueule jusqu’à ce qu’il en reste plus rien… plus rien du tout !

Charles sourit, avec infiniment de gentillesse :

— C’est ça, mon gros ; c’est ça… En attendant, allez donc informer votre maître de ma présence.

Lucas Van Borgh vint le chercher lui-même trente secondes plus tard. Charles remarqua combien il avait la mine défaite et l’œil angoissé.

Ils passèrent dans le bureau tout-de-cuir-clair-hollywoodien. Van Borgh entreprit de préparer des scotches. Charles attaqua :

— Vous avez de curieuses relations, Van Borgh…

L’autre sursauta.

— Comment ça ?

Puis, d’un ton plus sec :

— En quoi mes relations vous regardent-elles ?

Charles reprit d’une voix égale :

— En ce que j’envisage de travailler avec vous et qu’il ne me plaît pas de voir des maîtres chanteurs de la plus sale espèce sortir de chez vous ; voilà !

La main de Van Borgh se mit à trembler et il devint très pâle.

— C’est la seconde fois que je vois ce type, dit-il enfin. Non, la troisième, pour être exact… Et je puis vous assurer que nos relations n’ont rien d’amical.

Charles fronça les sourcils.

— Dois-je comprendre qu’il vous fait chanter ?

Van Borgh se redressa :

— Il essaie, mais…

Charles fit une grimace.

— Je connais cette vipère, gronda-t-il. Si la chose en vaut la peine, je peux le faire tenir tranquille… J’en ai les moyens…

Le visage de Van Borgh s’éclaira.

— Vous pourriez ? Ce n’est pas que… Mais, tout de même, il m’embête. Je ne peux pas le faire descendre, ce n’est pas mon genre.

Charles fonça :

— C’est au sujet de l’affaire Baloo ? Je me suis renseigné…

Van Borgh lui tendit un verre plein, avec un signe de tête affirmatif.

— Ah ! fit Charles avec une moue. Comment peut-il savoir quelque chose là-dessus ?

Van Borgh but une gorgée de whisky, lentement, et répondit :

— Il n’y a rien à savoir, que ce qui a déjà été dit. Mais ce type était là quand c’est arrivé… Il est témoin. Il me menace maintenant de modifier sa déposition si je ne crache pas au bassinet…

Charles haussa les épaules, méprisant.

— Qu’est-ce que ça peut bien faire ? On lui demandera pourquoi il n’a pas tout dit la première fois…

— Il répondra que je l’ai menacé.

— Que peut-il dire

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