Black's soldiers T3 Burned Love by Lorea Read

Auteur:Lorea Read [Read, Lorea]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: BMR
Publié: 2021-09-08T04:00:00+00:00

Chapitre 28

« On n’efface pas une cicatrice. Une cicatrice, aussi profonde soit-elle, fait partie de soi et nous définit. La renier, tenter de la gommer, de la faire disparaître n’est qu’une illusion mentale. Il faut accepter et reconstruire par-dessus. C’est la façon la plus transparente et la plus honnête de s’ouvrir à de nouveaux souvenirs. »

Pierre Raufast

Charlie

Adossée à la porte en fer de l’atelier de Jack, j’attends qu’il revienne. Les températures sont clémentes ce soir, mais j’aimerais bien pouvoir prendre une douche. Je patiente depuis trois quarts d’heure et je commence à me demander si je ne devrais pas appeler Hayley pour qu’elle revienne me chercher.

Au bout d’une heure, je commence à m’agiter et à faire les cent pas. Je tapote sur la grille de l’atelier et j’appuie mon front contre celle-ci en soufflant. Comment j’en suis arrivée là ? Je pensais que depuis le temps on m’avait oubliée, pourquoi revenir maintenant ? Je n’ai fait que partir… je ne me suis pas cachée. Jusqu’à ce que je prenne la décision la plus difficile et douloureuse de ma vie, je vivais dans un état de stress permanent, je faisais de la vie des gens un enfer. Toujours en fuite, jamais posée. Bref, une vie de fugitive qui ne pouvait durer. Puis, quand les choses se sont tassées, je suis revenue à Fremont, j’ai repris ma place auprès d’Hayley et de Camille. Malheureuse mais soulagée de ne plus être un fardeau. Les premières années j’étais sur le qui-vive, prête à voir mon passé ressurgir derrière une porte. J’épiais chaque personne qui passait près de moi, chaque conducteur, chaque client du café. Au bout de deux ans j’étais plus à l’aise et au bout de cinq j’ai carrément cru qu’il m’avait oubliée. Mon père m’avait pourtant bien dit toujours de surveiller mes arrières, de toujours vérifier que les monstres n’attendent pas tapis dans l’ombre la première occasion pour jaillir de l’obscurité.

– Désolée, papa, je n’ai pas assuré, mais je vais me rattraper.

Comme souvent je lui parle comme s’il était à mes côtés. Je me suis laissée surprendre, mais ça ne se reproduira plus. Lorsque je sors mon téléphone – acheté cette après-midi – pour appeler Hayley, un bruit de moteur se fait entendre. Dans la pénombre, je distingue un phare qui se dirige droit sur moi.

Jack descend de sa moto, qu’il a garée au plus près. C’est indéniable : il m’a manqué, je suis contente de le retrouver. Mes lèvres amorcent un sourire qui se fige quand je croise son regard de loup. Jack me regarde mais ne me voit pas, il est comme absent. Ses épaules sont tendues et ses yeux sont vides. C’est douloureux de le voir comme ça.

Son regard est déroutant, il transpire la souffrance par tous les pores de sa peau. Jack est physiquement là mais son esprit est ailleurs. Cette vision me paralyse et, quand je m’approche de lui, il recule d’autant. Qu’est-ce qui a bien pu lui arriver pour qu’il soit aussi anéanti ?

– Jack ?

Il lève sur moi un regard morne avant de se saisir de mes sacs traînant au sol.

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