Aux Portes De L'inconnu: Un Embaumeur Raconte... (HORS COLL) by Annette Geffroy

Aux Portes De L'inconnu: Un Embaumeur Raconte... (HORS COLL) by Annette Geffroy

Auteur:Annette Geffroy [Emphoux, Olivier & Geffroy, Annette]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782360754106
Goodreads: 27802895
Éditeur: L'Opportun éditions
Publié: 2015-10-05T22:00:00+00:00


L’ours en peluche bleu

Il était 8 heures 15 du matin, nous étions tous réunis autour d’un cercueil en acajou qui nous servait de table, Gérard, Michel, Daniel, le vieux Léo, Théo et moi-même.

Dehors il faisait froid, les tasses, que la femme de Léo nous avait servies, remplies de café chaud, fumaient à côté de la boîte de sucre, c’était plus agréable que les gobelets en plastique qui nous servaient d’ailleurs à mettre les vis des cercueils.

Le thermos circulait de main en main, entre nous. Buvant à petites lampées, nous savourions ce rare moment de détente entre copains.

C’était toujours Léo, le plus ancien de nous tous, qui faisait rire le petit groupe, avec ses blagues, et tandis que Michel cachait la dent qui lui manquait, tous les rires fusaient de plus belle.

L’hiver, je ne me séparais jamais du manteau que mon père m’avait donné. J’y tenais comme à la prunelle de mes yeux. Il était marron écossais avec un petit col en fourrure de la même couleur. J’ai fait mes débuts avec ce vêtement, fier de pouvoir le porter comme l’avait fait mon père à ses débuts de médecin.

Le café fut fini rapidement car nous avions une mission délicate au cimetière.

Notre travail consistait à exhumer un enfant de cinq ans. Le travail était très dur dans ce cimetière en plein hiver : il y faisait un froid glacial, un vent insidieux se faufilait entre les tombes et s’infiltrait sous nos vêtements.

L’été à l’abri des tombes la chaleur est étouffante, le terrain est mauvais, avec beaucoup de pierres. Les fossoyeurs creusent les tombes à la pelle et à la pioche, souvent avec des bouteilles de rouge pour étancher la soif sous un soleil de plomb.

Nous sommes arrivés en voiture, à l’entrée du cimetière. Michel et moi-même nous sommes dirigés vers la tombe.

Les parents nous attendaient, ils avaient la quarantaine. Nous allions déterrer leur petit garçon décédé à l’âge de cinq ans.

Les présentations faites, nous nous mîmes au travail. Ma montre indiquait 8 heures 30, il faisait un temps doux, juste un peu d’air frais et malicieusement les rayons de soleil éclairaient les pierres tombales.

La veille le fossoyeur avait enlevé la dalle qui reposait sur la terre, laissant apparaître une terre fraîchement remuée.

Michel enfila une paire de bottes ainsi que ses gants.

Mon collègue commença à creuser tandis que je sortais de la voiture, un petit cercueil d’enfant en chêne pour y recueillir les restes de l’enfant défunt.

Les parents nous regardaient silencieusement ; la mère, émue comme le jour du décès, pleurait. Le père, lui, plus courageux, serrait sa femme dans ses bras, moment très douloureux où toute la souffrance du passé ressurgit.

Ils avaient déménagé, et voulaient emporter le corps de leur fils plus près de leur habitation.

D’un commun accord avec la municipalité, ils devaient emporter le corps du petit dans leur voiture personnelle.

Michel, abandonnant la pelle, se servit de ses mains. Il me tendit des ossements, que je mis délicatement dans le petit cercueil, puis un crâne.

Notre tâche macabre se déroulait cérémonieusement, dans le silence.



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