Augusto Pinochet by Michel Faure

Auteur:Michel Faure
La langue: eng
Format: epub
Éditeur: Perrin
Publié: 2019-02-16T16:00:00+00:00

1*. Dirección de Inteligencia Nacional. En français : Direction nationale du renseignement.

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L’imitation de la démocratie

Un intellectuel civil, Jaime Guzmán, va jouer un rôle déterminant pour « institutionnaliser » ce qui deviendra « le régime de Pinochet ». Ce personnage hors du commun, à la fois bizarre et brillant, identifie très tôt Pinochet comme l’homme qui va refonder un Chili qui n’existe plus, austère, frugal, catholique et romain, autoritaire, avec un peuple rassemblé autour d’un chef dans une société fraternelle, corporatiste et décontaminée des partis politiques. Guzmán est un jeune juriste constitutionnaliste de l’Université catholique et fondateur du Movimiento Gremial de cette université, animé par des étudiants conservateurs et des nationalistes. Catholique très dévot – il va à la messe et communie tous les jours –, admirateur du dictateur espagnol Francisco Franco et proche de l’ancien président Jorge Alessandri, Guzmán hésite entre la prêtrise et des études de droit pour finalement choisir cette dernière voie. Il entre à l’Université catholique au jeune âge de 16 ans, et en devient président des élèves en 1966. Plus tard, il divisera sa vie professionnelle entre journalisme – d’un genre polémique – et enseignement du droit, tout en soutenant la candidature d’Alessandri à la présidence de la République en 1970. Le 26 septembre 1973, Augusto Pinochet lui propose le poste de conseiller juridique de la junte. Un peu plus tard, il rejoint la Commission Ortúzar – ainsi nommée car elle est présidée par un avocat, Enrique Ortúzar – chargée par Pinochet, désireux d’une légitimité d’ordre quasi démocratique, de préparer le projet d’une nouvelle constitution censée légitimer la junte militaire. Dès ce moment, Guzmán devient l’un des plus influents idéologues de cette junte, le rédacteur des principaux discours de Pinochet, l’un de ses plus proches conseillers et, enfin, un infatigable rédacteur au sein de la Commission où il retrouve, parmi d’autres membres, son vieil ami Jorge Alessandri.

République bananière

Guzmán fait partie de ceux qui poussent Pinochet à s’imposer au sein de la junte comme chef de l’exécutif. En juin 1974, le jeune juriste sort de ses cartons un décret-loi qui plaît à Pinochet et va prendre le numéro 527 sur la liste des décisions formelles de la junte. Ce décret désigne le général comme « chef suprême de la nation ». Les autres membres de la junte n’ont connaissance du texte que quelques minutes avant la cérémonie de sa proclamation. Leigh, furieux, refuse de le signer, une dispute s’ensuit entre les quatre commandants et Pinochet, exaspéré, tape du poing sur le plateau en verre de la table de réunion avec une telle rage qu’il vole en éclats. Face à la colère de Pinochet, dont la main est ensanglantée, Leigh cède et signe le décret-loi. Voilà pour le premier acte de cette sinistre comédie. L’acte deux est plus réjouissant car, très vite, Pinochet et ses amis « grémialistes » s’aperçoivent que ce nouveau titre ronflant n’apporte à son titulaire aucun avantage politique. Le Chili n’a jamais connu de chef suprême, ni dans son histoire ni dans ses traditions.

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