Au risque de t'oublier (French Edition) by Angélique Daniel

Auteur:Angélique Daniel [Daniel, Angélique]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: City Edition
Publié: 2019-11-05T23:00:00+00:00

12

Entre déprime et surveillance

— Qu’est-ce que tu veux regarder ? dis-je à Meg lorsque nous nous asseyons sur le canapé.

Elle hausse les épaules avec désinvolture.

— Ce que tu veux.

Reposant la télécommande, je me tourne vers elle.

— Je sais que tu es triste. Je le suis moi aussi, mais je ne souhaite pas que nous passions ces dix derniers jours ensemble à faire la tête.

En ce jeudi soir, elle semble plus déprimée que lorsque je lui ai annoncé mon départ pour San Diego, quelques jours plus tôt. Durant de longues heures, j’ai attendu le moment parfait pour lui annoncer que ma mère était mutée dans une autre ville et que nous devions déménager rapidement. Malheureusement, ma mère n’a pas eu mon tact et a annoncé la nouvelle à Meg avant que je ne rentre de mon cours de dessin. La douleur de la quitter s’est ajoutée à ma colère. C’était à moi de le lui expliquer, pas à Élise. Depuis, nous avons prévu de profiter de chaque minute passée ensemble mais ni elle ni moi n’avons vraiment l’esprit à cela. Notre future séparation me semble tellement injuste. Pourtant, je ne peux refuser ce bonheur à ma mère qui a déjà sacrifié tant de choses pour mon bien.

— Je suis navrée. C’est une journée sans. J’aimerais avoir le cœur à rire et à profiter de chaque seconde avec toi, mais je n’arrête pas de penser que dans dix jours tu vas partir et…

Des sanglots dans la voix, elle se tait. Je la prends dans mes bras, la serrant très fort contre mon cœur. À moi aussi ce déménagement coûte énormément, cependant je m’efforce de ne rien laisser paraître. Meg est ma famille, ma femme, cela ne changera jamais même si je vais vivre à l’autre bout du pays.

— J’aimerais ne plus jamais avoir à te lâcher, souffle-t-elle.

— Viens là, dis-je en l’invitant à prendre place sur mes genoux afin de la garder au creux de moi.

Elle s’assied à califourchon, passe ses bras autour de mes épaules tout en laissant sa tête reposer contre mon cœur. Son visage tourné vers moi exprime une tristesse à me fendre l’âme. Je maintiens mes bras autour de son corps, la contemplant dans ce total abandon. À cet instant, elle ressemble à une enfant tant sa fragilité est apparente. Nous demeurons dans cette position pendant de très longues minutes. Aucun de nous ne parle, seuls nos cœurs résonnent, battant à l’unisson de notre détresse.

Ma mère passe à côté du sofa et m’interroge du regard.

— Ça va, Meg ?

— J’ai connu des jours meilleurs.

À regret, elle se dégage de mes bras.

— Je suis désolée, je ne suis pas d’humeur joyeuse ce soir. Il se fait tard, je dois rentrer.

Je la raccompagne jusqu’à la porte.

— Au revoir, Élise ! lance-t-elle depuis l’entrée.

Ma mère lui fait un signe de la main.

— Tu es sûre de ne pas vouloir que je te raccompagne ?

— Oui, certaine, j’ai besoin de prendre l’air.

Elle se pend à mon cou, je l’attire à moi.

— Je ne veux pas me séparer de toi, souffle-t-elle dans mon cou.

— Moi non plus, Megan.

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