Au pays du matin calme by Samuel Guex

Au pays du matin calme by Samuel Guex

Auteur:Samuel Guex
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Flammarion
Publié: 2016-03-14T16:00:00+00:00


Voyages en Chine

Alors que les ambassades de communication font l’objet de nombreuses études qui nous permettent par exemple de connaître en détail le menu qui était servi lors des réceptions organisées en l’honneur des envoyés coréens, on en sait beaucoup moins sur les ambassades coréennes envoyées en Chine. C’est un fait étonnant si l’on considère que pendant la période où la Corée envoyait douze ambassades au Japon, elle en envoyait plus de cinq cents en Chine. Ce phénomène reflète sans doute l’importance accordée par les historiens japonais à ces ambassades coréennes, qui permettent de relativiser l’image de fermeture à l’étranger longtemps associée au Japon des Tokugawa. Certains chercheurs notent également que l’intérêt soudain manifesté après la Seconde Guerre mondiale par les historiens japonais refléterait leur désir de démontrer que les relations nippo-coréennes n’ont pas toujours été hostiles et que, contrairement à l’époque moderne marquée par la colonisation, elles étaient amicales entre le XVIIe et le XIXe siècle. Cela expliquerait également la tendance qu’ont de nombreuses études publiées au Japon à enjoliver le rôle joué par ces ambassades dont elles soulignent surtout les aspects positifs.

En réalité, c’est à contrecœur que la Corée envoya ces ambassades chez des voisins qui venaient à peine de l’envahir. Cette remarque du reste ne vaut pas seulement pour le Japon mais s’applique aussi bien à la Chine. Après les invasions mandchoues, la cour des Yi fut contrainte de reconnaître la dynastie des Qing comme « suzerain », avec les obligations que cela supposait, notamment l’envoi d’ambassades de tribut appelées communément « ambassades allant à Pékin » (Yŏnhaengsa). Un minimum de quatre ambassades étaient envoyées annuellement, sans compter les délégations extraordinaires en cas d’événement imprévu. Cela signifie que pour les membres de ces ambassades, il s’agissait d’apporter le tribut aux « barbares » mandchous qui venaient de ravager leur pays. D’où la difficulté pour la cour des Yi de constituer ces délégations face à des lettrés qui rechignaient à faire le voyage. Avec le temps cependant, les réticences initiales s’estompèrent et pour les lettrés coréens désireux de découvrir de nouveaux horizons, les ambassades, en Chine ou au Japon, constituèrent l’unique moyen de satisfaire cette curiosité, à une époque où la Corée, à l’instar de la Chine et du Japon, appliquait une politique d’« interdiction de la mer » (haegŭm) qui empêchait tout voyage privé à l’étranger.

Les ambassades constituaient un vecteur important d’échanges culturels et d’accès aux divers savoirs en vogue en Chine. Même dominée par une dynastie « barbare », cette dernière restait pour beaucoup de lettrés coréens un centre culturel inégalé. C’est grâce à ces ambassades par exemple que les Coréens firent l’acquisition de leurs premières cartes du monde et qu’ils découvrirent les ouvrages occidentaux traduits en chinois par les Jésuites. La comparaison entre les récits des ambassades en Chine et celles du Japon montre que les conditions de séjour à Pékin étaient sensiblement meilleures : les envoyés coréens étaient libres de se déplacer, d’acquérir des ouvrages dans le célèbre quartier des livres de Liulichang, ou



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