Abus de pouvoir by François Bayrou

Auteur:François Bayrou [Bayrou, François]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Politique
ISBN: 9782259208765
Éditeur: Plon
Publié: 2009-12-14T23:00:00+00:00

À ce moment, on raconte qu'il envoie un émissaire à l'incommode président français.

L'ambassadeur est introduit dans le bureau du Général. Il est porteur de documents secrets. « Mon général, je suis venu vous montrer des photos aériennes incontestables de l'activité des Soviétiques à Cuba. Permettez-moi de vous présenter ces documents. » Alors De Gaulle l'arrête d'un geste : «

Monsieur l'Ambassadeur, je ne veux pas voir ces photos. La parole du président des États-Unis me suffit. » Et De Gaulle sera le premier et le plus ferme soutien public de Kennedy.

Le 11 septembre 2001, les États-Unis sont frappés par al-Qaida. L'émotion est immense en France.

Dans les semaines qui suivent, Jacques Chirac, le gouvernement Jospin, l'Assemblée nationale décident ensemble, quasiment sans discussions, de se porter aux côtés des Américains attaqués, conformément à l'article 5 du traité, pour traquer les talibans en Afghanistan, les chasser du pouvoir et établir une démocratie dans ce pays.

Nous avons été, heureusement, des alliés fiables pour la nation américaine. Comment en aurait-il été autrement, nous qui devons aux soldats de ce grand pays la sauvegarde d'abord et la victoire au cours des deux conflits mondiaux du ne siècle ? Et nous n'avons manqué aucune occasion de coopérer avec les membres de l'Alliance pour en améliorer la capacité militaire.

La décision prise par De Gaulle en 1966, il y a quarante- trois ans, était une de ces intuitions historiques qui permettent de sortir de la contingence des événements. Quand il annonce, au cours d'une conférence de presse au mois de février, sa décision de retirer la France du commandement militaire intégré, l'émotion est très grande. Les journaux les plus favorables au Général qui vient d'être réélu hésitent à le soutenir. Seuls les communistes manifestent leur satisfaction. On comprend pourquoi. On est en pleine période de guerre froide, les événements de Cuba n'ont pas quatre ans, Kennedy a été assassiné, le monde est dangereux, l'Europe est coupée par le mur de Berlin.

Assassiné John Kennedy, celui qui avait choisi de se rendre à Berlin après l'édification du mur et prononcé le magnifique : ich bin ein Berliner, je suis un Berlinois... Magnifique discours, tenu à l'aide de quelques notes seulement — il n'y avait pas de prompteur à l'époque — à deux pas du mur récemment édifié, qui est resté dans notre mémoire [La traduction est de moi, elle n'est donc pas garantie sur facture...] : « Il y a deux mille ans, la plus fière des déclarations, c'était civis romanus sum, je suis citoyen romain. Aujourd'hui, dans le monde libre, la plus fière des déclarations c'est ich bin ein Berliner, je suis un Berlinois. Il y a beaucoup de gens dans le monde qui ne comprennent pas, ou qui disent qu'ils ne comprennent pas quelle est la grande question entre le monde libre et le monde communiste : qu'ils viennent à Berlin ! Il y en a qui disent que le communisme est le courant de l'avenir. Qu'ils viennent à Berlin ! Et il y en a qui disent, en Europe et ailleurs, que nous pouvons travailler avec les communistes.

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