Ça ne se refuse pas by Fredric Brown

Ça ne se refuse pas by Fredric Brown

Auteur:Fredric Brown [Brown, Fredric]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature américaine, Policier
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 1963-02-14T23:00:00+00:00


21 heures 32

Mack Irby s’arrêta de taper à la machine – il tapait avec un doigt de chaque main – et se renversa dans son fauteuil à pivot grinçant pour s’allumer une cigarette. C’était la seule partie de son travail qu’il avait vraiment en horreur : faire des rapports. Il préférait filer une femme pour son mari ou un mari pour sa femme douze heures de suite plutôt que de passer une demi-heure à rédiger un rapport sur les activités du conjoint suspect. Toutes les fois qu’il le pouvait, il persuadait ses clients de se contenter de rapports verbaux. Mais ça n’était pas toujours possible : certains insistaient pour avoir un document écrit.

Son rêve était d’avoir assez de personnel pour pouvoir s’offrir une dactylo qui prendrait les rapports en dictée, s’occuperait d’envoyer et de payer les factures et s’acquitterait de tout le travail de paperasserie. Il ne tenait même pas à ce qu’elle fût jeune et jolie : sous ce rapport, Dolly avait tout ce qu’il fallait pour le satisfaire. Il se contenterait de n’importe quelle bonne femme sachant taper à la machine.

Mais, pour modeste qu’il fût, ce rêve semblait loin de se réaliser. Mack Irby se débrouillait assez bien (pas toujours de façon très honnête) mais il opérait absolument seul.

Il tira une bouffée de sa cigarette, la reposa sur le rebord de son bureau déjà marqué de dizaines de traces de brûlures et se remit à taper.

L’individu est entré au bar Crinnon à 15 heures 15, a commencé par jeter un coup d’œil, puis s’est approché du comptoir et a commandé une consommation. Il a parlé un moment avec le barman tout en buvant, mais sans cesser de surveiller la porte comme s’il attendait quelqu’un. À 15 heures 25, la femme déjà décrite dans un rapport précédent est entrée. Elle lui a fait un signe de tête et est allée s’asseoir dans un compartiment. Il l’y a rejointe et a commandé à boire pour eux deux. À 15 heures 47, ils…

Le téléphone sonna. Il décrocha :

— Ici Mack Irby.

— Mack. (C’était la voix de Dolly.) Fletcher vient de partir et…

— Bon, dit-il, en l’interrompant pour gagner du temps. Je vais venir, mais il faut que je finisse d’abord ce rapport. Je serai là dans…

— Attends, Mack. Ça n’est pas tout. Il m’a volé mes bijoux, les quelques petites choses que j’avais dans ce coffret de cuir sur ma coiffeuse. Ça n’a pas une grande valeur, mais… est-ce que je dois appeler la police ? Et si je le fais, il vaudrait mieux que tu ne viennes pas. Qu’est-ce que tu en penses ?

— N’appelle pas la police, dit-il d’un ton catégorique.

— Mais pourquoi, Mack ? Ces bijoux ne valent pas grand-chose, mais j’aimerais quand même bien les récupérer. Les flics, c’est fait pour ça, non ?

— Peut-être, Doll. Mais je pourrai faire mieux que ça. Ne bouge pas. Ce rapport peut attendre jusqu’à demain. J’arrive.

Il raccrocha, prit son chapeau, éteignit l’électricité, ferma le bureau et partit. Il prit sa voiture. Elle passait inaperçue, comme il se doit pour une voiture qui sert à filer



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