613 by Tobie Nathan

613 by Tobie Nathan

Auteur:Tobie Nathan [Nathan, Tobie]
La langue: fra
Format: epub
Tags: thrillre
ISBN: 9782743612948
Éditeur: Rivages
Publié: 2004-08-31T22:00:00+00:00


X

SE COUCHER TOUT SEUL

Nuit du lundi 24 mars au mardi 25 mars. Ben, c’était pas cette fois qu’on devait se causer, Sebbag et moi ; c’était pas notre jour. Ça devait être écrit. Fatou m’a emmené dans un appart à Aubervilliers. On a pris un tacot à la bastoche, une Mercedes E300 TD, six cylindres diesel et un turbo ; c’était un Tunisien qui conduisait.

— Ah, monsieur, la pluie !… Toujours la pluie.

Je me suis dit, comme ça, qu’il fallait paraître con au naturel pour pas se faire repérer. Alors, j’ai voulu le brancher.

— Faut pas se plaindre ; on a quand même eu trois jours sans eau.

— Mais monsieur, je dois vous dire ; voyez : les hommes, ils se plaignent toujours, c’est comme ça.

— Ben ouais… Des fois que quelqu’un les entendrait… Mais généralement, ils se plaignent de leur femme, non ? Vous qui entendez parler les gens toute la journée… Non ?

— Les femmes… ah, les femmes ! C’est vrai !

— Toujours en train de comploter avec leur belle-mère contre leur mari, pas vrai ? Et j’ai eu le malheur d’ajouter : surtout les femmes de chez vous !

— Ah, ne dites pas ça, monsieur ! Non ! Moi, voyez-vous, j’avais épousé une française – sa famille habite encore le Lot et Garonne – il n’y a pas plus français. Je voyais pas ce qu’y voulait dire… Pourquoi le Lot et Garonne ? Ben… voyez, monsieur, trois gosses, une maison – qu’est-ce que je dis une maison ? – Je lui ai fait un château, monsieur ! Un château… huit pièces, un grand jardin… Un château et la vie de château, par-dessus le marché… Madame travaillait pas… Au début, elle voulait faire des études et puis… Après, quand elle a renoncé à ses études d’infirmière, elle faisait rien et moi, je rapportais le pognon. On était bien, monsieur. Ah, je dois dire qu’on s’entendait bien ! Enfin… jusqu’à ce que sa mère perde son mari. Alors, je lui ai dit, à ma femme ; je lui ai dit qu’on pourrait prendre sa mère chez nous ; qu’il y avait de la place. Et puis, les enfants, y zont b’zoin de leur grand-mère, non ? Chez nous, comme vous dites, en Tunisie, c’est comme ça, monsieur. Eh bien, sitôt arrivée, la mère, elle a monté sa fille contre moi. Elle a mis la discorde entre nous. Jusqu’à ce que ça n’aille plus du tout. Maintenant, je suis parti. J’ai divorcé. J’ai pris un studio de 25 m2 à Bagnolet et j’ai divorcé. Je lui ai tout laissé… Pas une fourchette, monsieur ; je n’ai pas pris une fourchette. Pas un meuble, la télé, tout ; elle a tout gardé ! Résultat ? Vous voulez que je vous dise le résultat de tout ça ? C’est la mère, elle a pris la place du mari. C’est comme ça, ici… Les femmes de chez nous, elles font pas ça, monsieur !

— Et pourquoi elles le feraient pas ? que j’ai rajouté histoire de meubler la conversation.



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