43 Henri III by Les Rois de France

Auteur:Les Rois de France [France, Les Rois de]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Pygmalion
Publié: 2014-01-27T23:00:00+00:00

Pour les Guise, la perte était irréparable. Mais nul ne se souciait de leurs regrets. Le destin leur offrirait d'ailleurs l'occasion de refaire promptement surface.

Les processions de flagellants attiraient les railleries des ennemis du roi. Elles déconcertaient ses amis. Ces derniers comprenaient mal pourquoi il s'adonnait à ces pieuses pratiques au lieu d'être aux armées. Où était le vainqueur de Jarnac et de Moncontour ? Il avait laissé Damville construire une citadelle à Montpellier, fortifier Beaucaire, Lunel et Nîmes, usurper les pouvoirs régaliens en convoquant les états du Languedoc, créer sa propre justice, sa propre administration, ses propres finances ! Bien plus, Damville avait pris l'initiative des opérations. Il assiégeait Saint-Gilles et d'Avignon l'on entendait sa furieuse canonnade. Le seul succès des royaux dans ce secteur fut l'occupation de Beaucaire par le marquis de Villars. Dans la vallée du Rhône, Bellegarde ne parvenait pas à prendre l'insignifiante place de Livron. Le Dauphiné restait aux mains des huguenots. Seul le duc de Montpensier était parvenu à se rendre maître du Poitou. Il s'empara le 25 janvier 1575 de Lusignan, dont il démantela l'impressionnant château rendu célèbre par la légende de la fée Mélusine.

Simultanément, une campagne diffamatoire se déchaînait contre la reine mère, contre les Italiens qu'elle employait, en particulier le chancelier Birague. Le plus répandu de ces libelles s'intitulait : Discours merveilleux de la vie, actions et déportements de la reine Catherine de Médicis. Il rendait Catherine responsable de la Saint-Barthélemy et l'accusait d'avoir empoisonné François II, Charles IX, la reine Jeanne d'Albret, d'Andelot et Odet de Châtillon, pour conserver le pouvoir, bref d'être la digne continuatrice de ces Médicis connus pour leur athéisme, pour leurs crimes, pour leurs adultères et leurs incestes. Mais le Discours merveilleux, était davantage qu'un pamphlet. Il visait à grouper contre la reine mère l'ensemble des partis. C'est pourquoi il minimisait curieusement la participation des Guise à la Saint-Barthélemy. Il exhortait la noblesse entière à s'unir contre elle : « À cela même votre devoir et honneur vous appelle, seigneurs et gentilshommes français. Ce n'est pas pour contenance que vous portez les armes. C'est pour le salut de vos princes, de votre patrie et de vous-mêmes. N'endurez donc pas que les princes soient esclaves, que les principaux officiers de cette couronne, pour la seule affection que l'on sait qu'ils portent à la conservation de celle-ci, soient en danger de leur vie ; que vous-mêmes soyez tous les jours exposés à la mort pour satisfaire l'appétit de vengeance d'une femme qui se veut venger de vous et par vous tout ensemble… Marchons donc tous d'un cœur et d'un pas. Tous, dis-je, de tous états et qualités, gentilshommes, bourgeois et paysans, et la contraignons de nous rendre nos princes et seigneurs en liberté. »

L'Estoile souligne le succès prodigieux de ce libelle, tant auprès des catholiques que des huguenots, et déplore qu'il ait finalement provoqué tant de morts. Il note que la reine mère, « dissimulant dextrement à la florentine le maltalent qu'elle avait conçu, se le fit lire et en rit avec les autres à gueule bec, mais d'un rire qui ne passait point la gorge ».

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