1. La Passeuse d'âmes by Marie VAREILLE

Auteur:Marie VAREILLE [VAREILLE, Marie]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2016-05-19T00:00:00+00:00

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16

Le faussaire

Il fallut attendre plusieurs heures après le couvre-feu que les Défenseurs aient terminé leurs rondes. Les ascenseurs n’étaient bien entendu pas accessibles pendant la nuit et Tim conduisit Elia à travers des galeries du Dédale qu’elle n’avait jamais empruntées. Après une bonne vingtaine de minutes de marche silencieuse, il souleva une trappe de métal au fond d’un conduit et ils se hissèrent dans la plaine verglacée. Il retint la lourde trappe pour qu’elle ne fasse pas de bruit en se refermant et rabattit sa capuche sur ses yeux. Ils attendirent quelques secondes derrière un buisson desséché, le temps de constater que personne ne surveillait les alentours. Elia remonta le col de son blouson en frissonnant, puis elle leva les yeux et resta sans voix. Les étoiles se détachaient aussi nettement sur le ciel bleu marine qu’au Planétarium de la Cité. Aucune lumière artificielle ne venait atténuer leur doux rayonnement. Tim la tira par le bras.

— Ce n’est pas le moment de jouer aux astronomes, grommela-t-il.

— On va où ? chuchota Elia.

Malgré l’obscurité, elle devina le sourire de Tim.

— Par là, dit-il.

Ils coururent, pliés en deux, de buissons en rochers, jusqu’à l’ascenseur qui marquait l’entrée de la caserne.

Elia n’avait jamais mis les pieds à la caserne. Comme tous les bâtiments du secteur Nord, elle avait été creusée sous terre, mais elle possédait une entrée indépendante, on ne pouvait y accéder directement depuis le Dédale. Elle sursauta, elle avait entendu un craquement juste derrière elle. Solstan surgit de l’obscurité dans laquelle il était tapi.

— Vous êtes en retard.

À ses côtés, une ombre plus petite apparut : Arhia. Elia se demanda pourquoi ils avaient besoin d’être autant pour rencontrer le faussaire. Elle n’avait pas pensé à demander des détails sur le processus et on ne lui en avait pas donné. Elle contempla dubitative les portes closes de l’ascenseur flambant neuf qui contrastait cruellement avec ceux rouillés et branlants qui descendaient aux mines et au Dédale.

— Comment comptez-vous rentrer ?

Sans répondre, Arhia sortit de la poche de son blouson un badge en plastique et le plaça devant la lentille de l’ascenseur. L’ascenseur émit une série de bips et une voix féminine synthétique murmura : « Capitaine Herxorn – Entrée autorisée ». Les portes métalliques s’ouvrirent dans un bruissement et un rectangle de lumière vive se découpa dans la nuit sombre. Ils montèrent tous les quatre dans l’ascenseur.

— Je ne comprends pas ce qu’on fait à la caserne, marmonna Elia. C’est ici qu’on retrouve le faussaire ?

Ses trois compagnons échangèrent un regard de connivence.

— On lui dit ? demanda Tim.

— Le faussaire, tu l’as devant toi, finit par dire Solstan avec un demi-sourire.

— C’est toi ? fit Elia, stupéfaite.

— Non, c’est moi, corrigea Arhia.

Elia resta un instant sans voix et les trois autres éclatèrent de rire.

— Ça t’étonne ? reprit la jolie blonde. À ton avis, qui est la mieux placée pour accéder à la caserne et aux archives ? Herxorn dort comme un bébé, même l’alarme d’évacuation ne le réveillerait pas, c’est un jeu d’enfant de lui piquer son badge.

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