061 - Salut mon Pope ! (1966) by San-Antonio

061 - Salut mon Pope ! (1966) by San-Antonio

Auteur:San-Antonio [San-Antonio]
La langue: fra
Format: epub
Tags: San-A
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


CHAPITRE IX

DANS LEQUEL LA FÊTE CONTINUE

Pendant que miss Peau-d’hareng est encore dans les vapes, je la ligote avec les cordons du rideau, la bâillonne avec la serviette mouillée et la coltine dans la baignoire qui ressemble soudain à la tranchée des bâillonnées. Ce faisant, j’aggrave encore ma position. S’il est vrai que les cas désespérés sont les cas les plus beaux, j’ai idée que le mien n’est pas sale !

L’instant (critique) est venu de me convoquer pour une conférence à l’échelon suprême afin de statuer sur les mesures d’urgence. D’ici à très peu de temps, ça va faire un drôle d’esclandre dans Athènes, mes aventures galantes. Je peux d’ores et déjà publier une annonce dans les demandes d’emploi de France-Soir, vu qu’après ce scandale le Vieux me rendra ma liberté. La Révocation de l’Édit de Nantes semblera de la gnognote à côté de la mienne. Comment vas-tu te dépêtrer de ce pétrin. San-A. ? Tu fais toujours le malin ! Tu joues les Casanova ! Les intrépides ! Les irrésistibles ! Les supermen ! Et puis tu te fais blouser mochement par une petite teigne qui n’a pas froid aux châsses.

Alors ? Quelles sont tes intentions, bonhomme-la-lune ?

Je remets de l’ordre dans ma toilette, et, manière de me ramoner un brin les éponges, je vais respirer à la fenêtre. En me penchant, j’aperçois la Rolls de miss Alexandra stationnée devant le Palace. Je me dis que ma seule chance d’obtenir un résultat rapide est là, en bas, qui m’attend. Alors je quitte la chambre pour me rendre dans la précédente où Alexandra II somnole, vannée, en m’attendant.

— Je me demandais ce que vous faisiez, dit-elle. J’ai entendu des cris et je…

Une vieille Anglaise hystérique, l’interromps-je, ces pauvres femmes n’ont jamais couché qu’avec la photographie de Sir Winston Churchill, ça n’apaise pas complètement le système glandulaire.

Tout en causant, je vais piquer, mine de rien, mon camarade Tu-tues dans ma valoche.

— Je porte un document à mon patron et je vous remmène chez vous, mon cher ange, promets-je en lui grumant la menteuse.

Avant qu’elle n’ait récupéré de ce baiser suffoqueur, je suis dans le couloir.

Cette fois, Kessaclou a disparu. La voie est libre. Je sors d’un pas dégagé. Une barre mauve s’élargit au fond de l’horizon, côté est. L’aurore, mes fils… La belle aurore radieuse. Je louche sur la Rolls. Un grand costaud coiffé d’une casquette plate est installé au volant.

Je m’éloigne de quelques pas, me baisse pour échapper à son éventuel regard, puis, plié en deux, je reviens à la hauteur de la portière. De ma main gauche j’actionne la poignée avant droite, tandis que de la gauche je braque mon feu. Ça le réveille, le driveur de ma belle violée. Il tourne vers moi un visage maussade, aperçoit mon feu et porte la paluche à sa veste.

— Non ! Nein ! No ! Niente ! crié-je.

Il interrompt son geste. Je prends place à côté de lui et je ferme la lourde.

— Tu parles français, Popaul ?

Il reste immobile.

— Do you speak english ?

— Just a little ! me répondit-il.



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