051 Raid 59 (1959) by Paul Kenny

Auteur:Paul Kenny [Paul Kenny]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

Coplan, pensif, éteignit sa cigarette dans le cendrier de l’accoudoir.

- Moralité, conclut Mescalero, nous ne savons même pas par quel bout entamer l’enquête. C’est quasiment de la moutarde après le repas : plus question de colmater les fuites, le mal est fait. Mais vous avez peut-être un fil conducteur, par Linay... Notre seul objectif, c’est de démolir ce réseau trop bien organisé, car il pourrait encore nous jouer des tours à l’avenir.

Après un temps, Coplan demanda :

- Mais ce Raid 59, quand doit-il avoir lieu, en définitive ?

- La date exacte n’est pas fixée ; toutefois, on suppose que le prototype pourra effectuer son vol d’essai dans deux ou trois mois : fin août, début septembre.

La Chevrolet, qui avait longé Central Park, s’arrêta soudain devant l’hôtel Saint-Moritz, et cette halte mit provisoirement un terme à la conversation.

Les deux Américains accompagnèrent Coplan à l’appartement qui avait été retenu pour lui, une suite luxueuse dont les fenêtres s’ouvraient sur le parc. Ils s’inquiétèrent de savoir s’il estimait le confort suffisant. Coplan les rassura.

Il fit un rapide tour d’inspection, puis il proposa de descendre au bar en attendant l’arrivée de ses bagages.

L’ascenseur ramena les trois hommes au rez-de-chaussée ; ils pénétrèrent dans la petite salle aux murs de bois poli où, derrière un haut comptoir d’aspect opulent, trônait un barman aux mains de prestidigitateur.

Au lieu de se hisser sur les tabourets, ils préférèrent s’installer dans des clubs de velours rouge autour d’une table basse. Ayant commandé des drinks, ils reparlèrent discrètement de leurs soucis communs.

- Je crains fort de vous décevoir, émit Coplan, les coudes sur les genoux et les mains jointes. Je suis à peu près sûr que Linay a été assassiné, mais le meurtrier présumé a disparu de la circulation depuis dix jours.

Il relata les étapes de son enquête à Paris, dévoila à ses interlocuteurs tout ce qu’il savait de concret et leur fit part aussi de ses vues personnelles.

- A mon sens, il faudrait vérifier si Florence Héricourt n’est pas entrée aux États-Unis sous une autre identité, estima-t-il en conclusion. Elle devait tenir ses directives d’ici, selon toute probabilité.

Mescalero et Born partagèrent son opinion.

- Avez-vous d’elle une photo ? s'enquit le premier.

- Non, mais j’ai son signalement. Par ailleurs, j’ai fait établir un portrait-robot qui, d’après les gens qui l’ont fréquentée, est très ressemblant. Inutile de vous dire qu’à Paris toutes les polices sont sur les dents pour la repérer ou, éventuellement, pour retrouver sa piste si elle a quitté la France.

Tout en parlant, il avait extrait un dessin de sa poche intérieure. Il le montra.

- J’en ai une douzaine d’exemplaires. C’est la fille en question.

Successivement, Born et Mescalero examinèrent le portrait. Tous deux eurent la même expression admirative. Puis, Mescalero fronça les sourcils.

- J’ai déjà vu cette tête-là quelque part, murmura-t-il, perplexe.

- Moi aussi, dit Born, non moins intrigué.

- Kim Novak ? suggéra Coplan, malicieux.

- C'est le même type de visage, en effet, convint Born.

- Oui, mais ce n’est pas à cette actrice que ce portrait me fait penser, marmonna Mescalero en se triturant le nez.

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