008 - Descendez-le à la prochaine by Dard Frédéric

008 - Descendez-le à la prochaine by Dard Frédéric

Auteur:Dard, Frédéric [San-Antonio]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1953-09-01T23:00:00+00:00


CHAPITRE IV

R.A.S.

C’est la tuile.

Votre petit copain San-Antonio a fait le voyage Paris-Strasbourg uniquement pour apprendre d’un agonisant qu’il connaît à Cannes une pépée dont le blaze commence par BLA. Vous avouerez que ça n’est pas lerche…

C’est la bouteille à encre, et même à encre de Chine… Dans toute sa noirceur !

Primo, on trouve un type avec une bombe perfectionnée dans sa valoche sans avoir la moindre idée sur la manière dont il comptait l’utiliser.

Deuxio, ce pèlerin, au moment de claboter, consent à ce que nous contactions une femme pour lui dire ce qui vient de lui arriver. Le pseudo-Cluny avait-il assez de jugeote pour comprendre que nous avons ou que nous allions trouver sa praline, dans les bagages ? Oui, sûrement, puisqu’il a pu se livrer à ce petit jeu compliqué (pour un mourant) de l’alphabet. Alors, en se doutant que ça allait chauffer il aurait mis sa femme – ou sa mère, ou ce que vous voudrez – dans le bain ?

Tout ça tourne aussi rond qu’un œuf.

Je soulève mon bada, parce qu’un macchab c’est un macchab et qu’on lui doit le respect.

Je me tourne vers mon collègue de la police strasbourgeoise.

— On y va ?

Il fait un signe affirmatif sans me demander où.

Je salue les toubibs d’un geste désinvolte et j’emboîte le pas au collègue.

— Drôle d’affaire, hein ? murmure-t-il

— Oui, je sens que je vais avoir du fil à retordre…

Je grimpe dans la voiture mise à ma disposition.

— Où désirez-vous aller ? fait-il…

— À l’hôtel où il était descendu…

Il donne les indications au chauffeur.

En cours de route, je lui dis :

— Vous allez faire photographier ce pégreleux, hein, les yeux ouverts, je veux un bon cliché, genre identité…

— Bien.

La voiture s’arrête. J’en descends seul…

— Occupez-vous de ces photos, il me les faut d’urgence. Rendez-vous à la police, je veux examiner les bagages du mort. Pendant que vous y êtes, faites-moi retenir une couchette dans le train de nuit pour la Côte d’Azur ; il doit bien y en avoir un, non ?

— Certainement.

— Bon.

— Dois-je vous renvoyer la voiture ?

— Inutile, je me démerderai par mes propres moyens…

Il est gêné de prendre congé de moi en étant assis alors que je suis debout.

Il se livre à un tas de contorsions qui veulent être des courbettes.

Je le calme d’un hochement de tête.

Puis je pousse la porte tournante de l’hôtel.

Un petit groom en livrée bleue se précipite à ma rencontre, il m’examine les paluches, espérant y trouver deux valises accrochées puis, voyant qu’elles sont vides, il regarde derrière moi. Enfin comprenant que je suis un voyageur sans bagages, par conséquent un gars qui n’a pas besoin de ses services, il se désintéresse de ma personne.

Je m’avance vers l’immense comptoir de la réception…

Un type qui ressemble à Erich von Stroheim, mais à un Erich von Stroheim sans envergure, tourne de mon côté un crâne aussi lisse qu’un secrétaire d’acajou.

— Monsieur désire ?

Je lui montre ma carte.

Il se casse en deux.

— À vos ordres, monsieur le commissaire.

— Je viens au sujet du type d’hier, lui dis-je.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.