Vie et mort de Marco Pantani by Biographies

Vie et mort de Marco Pantani by Biographies

Auteur:Biographies [Biographies]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Hachette France
Publié: 2007-10-23T22:00:00+00:00


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Février 2002 Hôtel Belvédère à Montecatini (Toscane).

Ce soir-là, j'avais dîné avec Marco à la table commune des Mercatone en compagnie de Manuela Ronchi, de Riccardo Magrini, le nouveau directeur sportif de l'équipe, et d'un ancien poursuiteur dont j'avais suivi la courte carrière, Raniero Gradi, appelé à remplacer Pregnolato. Pantani était désœuvré. Il séjournait le plus souvent en Espagne, au milieu de ses fantômes, et projetait d'y acquérir une maison du côté de Malaga. Il avait besoin de rompre avec son milieu ambiant, un argument diplomatique, pudique, propre à cacher l'essentiel, des problèmes d'addiction récurrents et désormais préoccupants. Dès qu'il remettait les pieds à Cesenatico, son cerveau lui parlait de cocaïne, de virées nocturnes et de trips en tout genre. Les experts appellent ça «la mémoire du contexte ». Sa manager s' appliquait à garder le secret d'autant plus jalousement qu'elle s'était mise en chasse d'un repreneur dans le cas où Romano Cenni se lasserait d'une situation d'échec. Elle était aussi la seule personne à pouvoir le joindre par téléphone dans l'heure suivante. Avait-elle pour autant toutes les cartes (sa double position de manager et de confidente ne la prédisposant pas à l'objectivité) pour comprendre ce Pantani dont j'ai déjà pu dire qu'il était complexe, ambivalent, les différentes facettes de sa personnalité s'emboîtant les unes dans les autres comme des poupées russes? D'ailleurs avait-il toujours envie de courir? Pour en avoir le cœur net, Felice Gimondi (nommé président de l'équipe Mercatone durant l'hiver) était allé lui rendre visite un après-midi à Cesenatico. Incidemment, il lui avait rappelé ce qu'il avait tendance à oublier : qu'il gagnait en un an ce qu'un cadre ne gagnerait jamais en une vie de labeur. Le groupe Mercatone Uno, c'était quarante personnes, dix-neuf coureurs, trois directeurs sportifs, un staff technique et administratif d'une vingtaine de membres, suspendus à ses caprices, ses absences, ses desiderata. «Jusqu'ici tu as toujours fait ce que tu as voulu, l'avait-il sermonné, mais tu ne peux plus nous laisser dans le vague. » Mais à l'Hôtel Belvédère, Pantani semblait comme étranger à son métier. Il revenait d'un exil prolongé en Espagne, une longue hibernation volontaire qui n'avait pas eu les effets thérapeutiques escomptés. « Je me suis imposé tout un hiver loin de chez moi, c'était sûrement nécessaire mais d'un ennui mortel. A vrai dire, je viens de passer deux mois effroyables », m'avait-il confié à l'oreille en éludant l'épineux problème de la cocaïne même s'il ne pouvait pas ne pas songer que je savais, que nous savions tous plus ou moins de quel mal il souffrait. Pour faire diversion, sa manager avait exhibé son futur maillot, redessiné par un designer italien, concepteur des casques du pilote moto Max Biaggi. Mais il l'écoutait à peine et laissait son esprit divaguer vers les juges qui l'avaient pris pour cible et face auxquels il n'y a que deux façons de réagir : soit on se plie à leur diktat, soit on se rebelle et on fait dans la provocation. Pantani avait choisi cette voie-là. Au scandale de Madonna di Campiglio, il oppose un autre scandale.



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