Une histoire du corps humain à l'usage de ses occupants by Bill Bryson

Une histoire du corps humain à l'usage de ses occupants by Bill Bryson

Auteur:Bill Bryson [Bryson, Bill]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science, Humour
ISBN: 9782228926799
Éditeur: Payot
Publié: 2020-09-14T22:00:00+00:00


Une grande part de nos connaissances sur les capacités de survie des humains vient d’expériences menées sur des prisonniers durant la Seconde Guerre mondiale. Les nazis en soumettaient certains à des amputations ou à des greffes de membres et d’os afin de trouver de nouveaux traitements pour les blessés allemands. Des captifs russes étaient ainsi plongés dans de l’eau glacée pour déterminer combien de temps pouvait survivre un pilote s’il tombait dans la mer, ou ils étaient contraints de rester nus dans un froid glacial jusqu’à quatorze heures d’affilée. Certaines expériences semblent n’avoir eu d’autre motivation que la pure curiosité : l’une d’elles consistait à injecter de la teinture dans les yeux des sujets pour voir si leur couleur en serait définitivement changée. Beaucoup d’autres cobayes humains étaient exposés à des poisons et à des gaz de toute nature, quand on ne leur inoculait pas la malaria, la fièvre jaune, le typhus ou la variole. « Contrairement à ce qu’ils ont déclaré à la fin de la guerre, écrivent George J. Annas et Michael A. Grodin4, les médecins ne furent jamais contraints de se livrer à de pareilles expériences. » Ils étaient tous volontaires5.

En ce domaine, et pour la même période, les Japonais ne furent pas en reste. Bien au contraire ! Sur l’ordre du docteur Shirō Ishii fut construit un énorme complexe de plus de 150 bâtiments disséminés sur 6 kilomètres carrés à Harbin, en Mandchourie, dans le but avoué de déterminer les limites physiologiques humaines par n’importe quel moyen. Cet endroit baptisé Unité 731 vit se commettre les pires horreurs. Des prisonniers chinois étaient attachés à des poteaux plantés à différentes distances d’un obus. On faisait exploser celui-ci et les « scientifiques » se promenaient ensuite parmi les survivants, notant soigneusement la nature et l’étendue de leurs blessures ainsi que le temps qu’ils mettaient à mourir. Des malheureux subissaient le supplice du lance-flammes, d’autres étaient privés de toute nourriture, soumis à un froid extrême, empoisonnés ou livrés aux tortures de la vivisection. La plupart des victimes étaient des soldats chinois, mais les bourreaux de l’Unité 731 s’en prenaient aussi à des prisonniers occidentaux pour comparer les effets des toxines sur différents peuples. Et quand on avait besoin de femmes enceintes ou de jeunes enfants afin de pousser plus loin des « recherches » de toute nature, on les enlevait au hasard dans les rues de Harbin. Nul ne sait exactement combien de personnes perdirent la vie dans l’Unité 731, mais on a avancé le chiffre terrifiant de 250 000.

En conséquence, le Japon et l’Allemagne se retrouvèrent à la fin de la guerre bien plus avancés que le reste du monde dans les domaines de la microbiologie, de la nutrition, des blessures par arme à feu et des effets du gel, des gaz, des maladies infectieuses, etc. Si beaucoup d’Allemands furent jugés pour ces crimes de guerre, la plupart des Japonais échappèrent au châtiment : on leur garantit l’immunité contre le partage des connaissances qu’ils avaient acquises avec leurs prisonniers.



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