Un homme dans la brume by Dorothy B. Hughes

Un homme dans la brume by Dorothy B. Hughes

Auteur:Dorothy B. Hughes [Hughes Dorothy B.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier américain
Google: 4uSUDwAAQBAJ
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


3

Il quitta l’appartement par la porte de derrière. Dès que la nuit l’enveloppa, il se sentit bien ; il faisait quelque chose de familier. La nuit était parfaite : pas d’étoiles, rien qu’une obscurité brumeuse. Il longea discrètement l’allée menant au garage. Le bruit de la porte du box n’atteignait pas les appartements. Les gonds étaient copieusement huilés.

La voiture avait fière allure. Il ne l’avait pas sortie depuis plusieurs jours, c’était bon de se retrouver au volant. Inutile de faire marche arrière en silence, il laissa le moteur rugir ; il partait rendre visite à son ami, son ami le policier.

Le temps qu’il arrive chez les Nicolai, il ne restait plus aucune colère, aucune tension en lui. Il se gara et remonta leur allée en sifflotant. Brub lui ouvrit la porte, comme le premier soir, et de nouveau tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Brub, en tennis, avec un pantalon aussi froissé que le sien, lui tendit la main et dit : « Ah, ce que ça fait plaisir de te voir ! Pourquoi nous as-tu boudés, monsieur le Grand Écrivain ? »

Tout était parfait jusqu’à ce que, comme le premier soir, ils entrent ensemble dans le salon. Et, comme le premier soir, Sylvia était là. Remplissant la pièce, malgré tout son silence. Estompant les couleurs vives autour d’elle, malgré son pantalon tailleur gris, ses cheveux blond pâle, son visage pâle et sérieux. Ses yeux à elle ne lui souhaitaient pas la bienvenue ; elle le regardait comme on regarde un inconnu. Un instant plus tard, elle souriait, mais c’était un sourire blême qui n’atteignait pas ses yeux. Dix eut l’impression d’être un intrus et ça le mit en colère ; si elle n’avait pas souhaité sa présence ce soir, elle aurait pu le lui faire comprendre, lui dire que Brub s’était absenté, et voilà tout. Mais elle avait insisté pour qu’il leur rende visite ; elle avait même appelé Brub pour qu’il revienne à temps.

Lorsqu’elle parla, ça s’améliora. « Vous l’avez fini, ce roman ? demanda-t-elle comme s’ils se voyaient tous les jours. J’ai tellement hâte de le lire. » Mais, avant même d’avoir fini sa phrase, elle se glaça à nouveau. Puis se reprit, lui octroyant un sourire plus large. « Une bière ?

— Je m’en occupe », lança Dix.

Mais elle s’était déjà levée de son fauteuil. « C’est moi la fournisseuse officielle de bière, ici. Asseyez-vous. » Ce soir, les mouvements de Sylvia n’étaient pas aussi fluides et élégants ; c’est avec nervosité qu’elle gagna le bar. Peut-être Brub et elle s’étaient-ils disputés. Peut-être était-ce pour cette raison qu’il était parti chez les voisins, et qu’elle avait insisté pour que Dix vienne – pour les aider à franchir la phase de réconciliation, toujours un peu maladroite. Quoi qu’il en soit, Brub, ce bon vieux Brub, n’avait pas changé, lui. « J’avais peur que tu sois retourné à l’est, Dix, lui avoua-t-il en s’allongeant sur le canapé.

— Non, c’était juste le boulot, répondit-il du



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