Terreur sur la ligne d'acier by Anne Bernard-Lenoir

Terreur sur la ligne d'acier by Anne Bernard-Lenoir

Auteur:Anne Bernard-Lenoir
La langue: eng
Format: epub
Éditeur: La Courte éChelle
Publié: 2011-04-18T00:00:00+00:00


8

La chose

La première chose que je vis, c’est les em-preintes de neige sale qui recouvraient le sol. Je gisais dans la boue. Ma tête me faisait mal. J’avais de la peine à la bouger. Je ne sentais plus mes bras ni mes jambes ankylosés par le froid. Je rassemblai mes forces pour les déplacer et me relevai enfin. Ma veste couverte de cristaux de glace me semblait aussi lourde qu’un âne mort, et mon pantalon me râpait la peau. Je constatai avec chagrin que j’avais perdu le chapeau de cuir noir que mon père m’avait offert.

Je regardai autour de moi et compris que je me trouvais dans un petit abri semblable à ceux qui bordent la voie ferrée et que les travailleurs utilisent pour entreposer leur matériel. Il était bâti de vieilles planches de bois vermoulues et n’était percé par aucune fenêtre. Je me dirigeai vers la porte et la poussai de toutes mes forces. Une barre d’acier avait été placée en travers pour l’empêcher de s’ouvrir. J’étais bel et bien prisonnier !

La panique s’empara de moi.

Un affreux mal de tête m’empêchait de réfléchir. Je portai une main à mon crâne et découvris une bosse. Elle était aussi ronde que le poing minuscule de Sarah lorsque nous jouions ensemble et qu’elle refermait ses doigts autour de mon index. Reverrais-je un jour ma petite sœur, dont le sourire ressemblait au soleil ? Aussi doux que le plus doux des miels, mon p’tit loup, comme je t’aime, chantait la voix de ma mère disparue.

Les larmes aux yeux, je m’enroulai dans une couverture qui traînait par terre et m’approchai des planches mal ajustées pour respirer l’air froid du dehors. Il faisait grand jour. La forêt était sombre, et les pentes étaient couvertes de neige. La tristesse me submergea. Pourquoi m’avait-on abandonné au cœur de cette montagne hostile ?

Je pensais à ma famille lorsqu’un bruit bizarre retentit soudain. Je tournai la tête et entendis un gémissement s’échapper d’une grande caisse en bois, au fond de l’abri.

Cette lamentation me glaça le sang et me pétrifia sur place.

Que cachait cet endroit ? Quelle découverte lugubre me réservait-il ? Un animal blessé ? Un autre cadavre laissé en cadeau par La Marmotte ? Une victime des affreux Douglas et Simons ?

La Marmotte ! Douglas et Simons !

La mémoire me revint aussitôt !

Ils avaient parlé d’un meurtre et de dynamite près d’un tunnel. Douglas avait dit que Simons avait « tranché le cou » de Barley, l’homme dont j’avais découvert le cadavre. Ce crime n’était donc pas l’œuvre

de La Marmotte ! Pourquoi avaient-ils tué Barley ? Pourquoi accusaient-ils Chuck Wood ? Que signifiaient tous ces mensonges ?

Un autre gémissement sinistre s’échappa de la caisse et me fit sursauter.

Reprenant courage, je m’avançai pour l’examiner. Elle m’arrivait à la hauteur des yeux. Elle était de la largeur d’une brouette, et elle était fermée par un cadenas.

— Qu’est-ce… Qu’est-ce qu’il y a là-dedans ? bredouillai-je, horrifié.

— Mmm… Mmm mmm mmm mmm mmm ? me répondit-on.

La chose avait gémi le même nombre de syllabes que moi, et sur le même ton.



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