Victor Hugo by Alain DECAUX

Victor Hugo by Alain DECAUX

Auteur:Alain DECAUX
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Perrin
Publié: 2014-01-14T16:00:00+00:00


Pas de séjour aux Roches en 1836. On va représenter, en novembre, cet opéra que Louise Bertin a composé d’après Notre-Dame de Paris et qu’elle a intitulé la Esmeralda. Hugo en a composé le livret par amitié. Il l’a fait sans joie, souffrant de ne pouvoir faire que des « bouts rimés » : ne fallait-il pas suivre le « patron donné » ? Pendant l’été, les répétitions ont commencé à l’Opéra : Berlioz les dirige, après avoir secrètement mis la main à une partition qui, pour inspirée qu’elle fût, manquait parfois de solidité. A ces répétitions, Hugo n’a pas assisté, ceci pour une raison fort simple que le témoin nous livre pudiquement en ces termes : « l’auteur des paroles n’y assista pas ; il voyageait en Bretagne ». Le 15 juin, Juliette et lui se sont mis en route pour leur voyage de chaque année. Mais auparavant, le 1er mai, Hugo est allé installer sa famille à Fourqueux, non loin de Saint-Germain-en-Laye, où il est prévu qu’elle passera tout l’été.

Elle existe encore, cette maison de Fourqueux. Elle est de noble allure, demeure à prétention seigneuriale pour bourgeois cossus : sept larges fenêtres et portes-fenêtres à volets blancs au rez-de-chaussée, sept fenêtres à l’étage, un balcon et trois fenêtres ménagées dans le toit d’ardoises aux pentes élégantes. Un grand parc autour de la demeure. La forêt de Marly est toute proche.

Le 1er mai, c’est bien tôt pour des enfants qui poursuivent des études. Didine a douze ans. Louis Boulanger, la dessinant quelques mois plus tard, l’a montrée devenue jeune fille, avec sa coiffure en bandeau, son cou serré par un ruban noir, jolie, fine. Un peu trop sérieuse aussi : une enfant qui vit une existence familiale difficile, qui feint de n’être au courant de rien et qui naturellement sait tout. Ne devrait-elle pas être à sa pension pour le dernier trimestre ? Et les garçons, Hugo prend-il leur éducation si légèrement ? L’explication est peut-être que, sachant qu’il va lui-même partir le mois suivant avec Juliette, il a voulu accorder aux siens d’autres vacances. N’est-ce pas aussi que, gardant au cœur la rage dans laquelle l’a plongé l’article de Sainte-Beuve sur Les Chants du crépuscule, il a voulu éloigner Adèle de l’ex-ami ? Ce mari, dont Adèle croit toujours qu’il ne connaît rien de précis, n’est peut-être pas resté aussi aveugle qu’elle veut bien le penser.

Entre Adèle et Sainte-Beuve, il s’est passé quelque chose, cette année-là, qui va modifier leurs rapports. L’année avait pourtant bien commencé. On lit, à la date du 1er janvier 1836, dans le mémorandum de Henry Havard : « Mon ange, à toi ma première pensée, à toi ma dernière, je t’aime tant. » Les rendez-vous se poursuivent à la satisfaction des deux partenaires. Pourtant, « elle se plaint de l’avoir trouvé froid et un peu papa ». Et puis, c’est le départ pour Fourqueux :

« 12 mai 1836, longue lettre de cinq grandes pages pleines de détails d’auteur, “tes vers sont arrivés dans



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