Septembre 1958 by Galaxie

Auteur:Galaxie [Galaxie]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science-fiction
Publié: 2014-10-12T04:00:00+00:00

Chacune des planètes sur lesquelles l’Anguille avait opéré fit valoir ses droits dès l’annonce de l’arrestation du voleur. Xystil prétendait à la priorité pour avoir subi le plus grand dommage – une somme tellement énorme qu’on ne pouvait l’exprimer que par un index algébrique ; Artha donna comme argument qu’elle était le lieu du premier délit ; Médoris réclama le malfaiteur parce que le seul châtiment qu’elle admet, pour n’importe quelle félonie, est la mort immédiate ; Cérès argua de la juridiction locale en alléguant qu’elle était la seule planète du Système Solaire sur laquelle l’Anguille eût perpétré ses forfaits ; Eb, en qualité de membre le plus récent et le plus pauvre de la Fédération Galactique, demanda que le jugement de l’Anguille lui fût confié, à titre de protection spéciale, d’exemple contre le penchant au vol de ses habitants ; Ha-Almirath affirma que la méthode utilisée par la police était une suggestion de son gouverneur ; Vavinoud se jugea plus lésée que les autres, parce que le vol qu’elle avait subi impliquait la profanation du Grand Temple ; la petite Agst, enfin, qui n’était encore qu’Associée Galactique Stagiaire, sollicitait humblement cette chance de se qualifier comme membre définitif en infligeant à l’Anguille une peine prompte et exemplaire.

Une réunion spéciale du Conseil Galactique fut convoquée.

Les représentants de toutes les planètes plaignantes exposèrent leurs arguments. Chacun mit toute son éloquence à revendiquer le privilège de juger « l’archicriminel ». Puis les conseillers passèrent en session exécutive, à huis-clos. Un conseiller indiscret (O-Al, de Phlagon d’Altaïr, pour ne rien cacher) révéla, plus tard, certains des procédés proposés pour résoudre ce problème.

Les représentants de la Terre, rapporta-t-il, participaient aux débats, mais pas au vote – puisque cette planète n’était pas intéressée au crime, mais seulement au criminel. Chaque système possible d’arbitrage avait été discuté : chronologique, numérique (en proportion de l’importance du vol), légal (pour décider si le prévenu passerait à une autre victime quand la première l’aurait jugé)… sans qu’aucun fût retenu. Dans le bouillonnement des réclamations, un conseiller harassé suggéra faiblement une loterie ; un autre proposa de soumettre à l’Anguille une liste des punitions prévues sur chacune des huit planètes et d’observer laquelle semblait lui inspirer le plus d’effroi, pour choisir justement celle-là. L’un d’eux préconisa même d’empoisonner l’accusé et d’annoncer sa mort subite.

Les sessions se poursuivaient jour et nuit. Les conseillers, épuisés, se séparaient à peine pour de brèves périodes de sommeil. La presse de la Galaxie tout entière commençait à publier des éditoriaux sarcastiques à propos des temporisations du Conseil, en faisant des allusions à des corruptions possibles et des remarques sur la nécessité probable de quelques mises en accusation et d’une nouvelle élection générale.

Enfin, en désespoir de cause, on adjugea l’Anguille à Agsk, comme une sorte de prime d’encouragement. Quelle que soit la planète choisie, les sept autres pousseraient toujours les hauts cris, et Agsk était la moins capable de riposter aux protestations.

Les Agskiens, comme chacun sait, sont des êtres tout à fait humanoïdes, mais primitifs ; leur planète est située à la limite extérieure de la Galaxie.

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