Rocambole - l'héritage mystérieux by Pierre Alexis Ponson Du Terrail

Rocambole - l'héritage mystérieux by Pierre Alexis Ponson Du Terrail

Auteur:Pierre Alexis Ponson Du Terrail [du Terrail, Pierre Alexis Ponson]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
Publié: 2011-09-05T20:21:25+00:00


XXX

PROMESSES

Nous avons laissé Cerise tombant à la renverse sur le parquet de la salle basse, dans cette petite maison du parc où l’avait entraînée la veuve Fipart.

La révélation de l’horrible vieille était la cause de cet évanouissement.

Lorsqu’elle revint à elle, la veuve Fipart l’avait transportée au premier étage de la maisonnette, et l’y avait laissée seule. Cerise enveloppa d’un regard tous les détails de cette chambre, le carreau ciré, les rideaux de coutil rayé, la pendule à colonnes entre deux vases de fleurs, le lit et la commode en noyer.

C’était la chambrette d’une ouvrière parisienne.

Cerise ne se trouva point dans cette situation assez vulgaire des gens qui, sortant d’un long évanouissement, cherchent à rassembler leurs souvenirs et à relier au moment présent celui qui a précédé leur syncope.

Cerise se souvint de tout ; en se trouvant seule dans cette chambre où elle n’était jamais entrée, elle se rappela la veuve Fipart et son odieuse révélation.

Son premier mouvement, sa première pensée furent de courir à la porte. La porte était fermée.

Dans un premier accès de désespoir, elle tâcha de l’ébranler, elle cria, appela.

Nul ne répondit.

Alors la pauvre enfant se prit à fondre en larmes, et demeura pendant plusieurs heures la tête dans ses mains, dans l’attitude de la douleur.

Vers midi, la porte s’ouvrit, et la veuve Fipart entra :

– Allons, ma mignonne, dit-elle, venez dîner, au lieu de pleurer.

Cerise répondit par un geste négatif. La veuve Fipart se retira et ferma la porte.

Elle ne revint que le soir.

La pauvre Cerise s’était endormie. La vieille l’éveilla et réitéra son offre de prendre quelques aliments.

Cerise refusa encore, et dormit toute vêtue et vaincue par la fatigue. Le lendemain, Cerise était plus calme. Le besoin la pressait, elle accepta quelque nourriture, mais elle ne voulut pas sortir de sa chambre.

Alors la vieille se mit à l’injurier et la maltraita.

Cerise appelait au secours et voulait mourir.

La veuve Fipart l’enferma de nouveau et ne revint que le soir, toujours irritée, toujours railleuse et lui prédisant la visite prochaine du maître.

Trois jours s’écoulèrent ainsi ; Cerise sentait sa raison chanceler, et traduisait son désespoir par des larmes.

Enfin, le matin du troisième jour, comme elle était accoudée à sa fenêtre et dans un état d’horrible prostration, une clef tourna dans la serrure.

La pauvre enfant frissonna et crut qu’elle allait revoir son tyran.

Mais la porte s’ouvrit et un homme entra.

C’était le baronnet sir Williams.

Alors Cerise perdit tout à fait la tête, laissa échapper un cri d’épouvante et se réfugia tremblante et pâle à l’autre extrémité de la petite chambre.

On eût dit que le baronnet était entré une arme à la main.

Mais sir Williams était calme, souriant, et sa physionomie, à laquelle il savait donner une rare expression de franchise, ne pouvait épouvanter la jeune fille.

– Mademoiselle, lui dit-il en la saluant avec une politesse exquise, rassurez-vous, je suis un galant homme.

Cerise, immobile, s’appuyait au mur, dans l’angle le plus obscur de la chambre, et continuait à regarder avec un sentiment de défiance qui, cependant, n’était point de la terreur.

–



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.