La Vallée de la Lune Vol.1 - Le Tourbillon by Jack London

La Vallée de la Lune Vol.1 - Le Tourbillon by Jack London

Auteur:Jack London [Jack London]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2019-11-10T00:00:00+00:00


— Oh! s’écria-t-elle. Alors vous êtes une Américaine du Sud !

Mercédès haussa les épaules.

— Il a bien fallu que je vienne au monde quelque part. C'était dans un grand ranch qui appartenait à ma mère. Toute la ville d'Oakland aurait tenu dans un de ses plus petits pâturages.

Mercédès soupira joyeusement et partit un instant absorbée dans ses souvenirs. Saxonne était curieuse d’en apprendre plus long sur cette femme qui avait vécu un peu près comme les Californiens-Espagnols de jadis.

— Vous avez reçu une bonne éducation, risqua-t-elle. Vous parlez parfaitement l'anglais.

— Oh, l'anglais est venu plus tard, pas à l’école. Néanmoins, c’est vrai, j'ai reçu une bonne éducation sur tous les points sauf sur le chapitre le plus important, celui des hommes. Cela aussi, est venu plus tard, Et ma mère, une grande dame, ce qu’on appelle une reine du bétail, ne rêvait guère que ma belle éducation m’amènerait en fin de compte à être la femme d’un veilleur de nuit. (Cette idée grotesque la fit franchement éclater de rire.) Des gardiens, des journaliers, ah! nous en avions des centaines, des milliers qui travaillaient pour nous.

Les péons, — ça ressemble à ce que vous appelez des esclaves, à peu près, — et les bergers à cheval pouvaient parcourir deux cents milles d’un bout à l’autre du ranch. Et dans la grande maison, il y avait trop de domestiques pour les reconnaître ou les dénombrer.

Mercédès parlait avec la volubilité d'une Grecque et s'égarait dans ses réminiscences.

— Mais ils étaient paresseux et sales. Les domestiques par excellence, ce sont les Chinois. Les Japonais aussi, quand on en trouve un bon, mais ça ne vaut pas les Chinois. Les servantes japonaises sont gentilles et gaies, mais elles vous quittent au moment où l’on s’y attend le moins. Les Hindous ne sont pas solides, mais ils sont très obéissants ; ils regardent les sahibs et les memsahibs comme des divinités. J'étais une memsahib, ce qui veut re une femme, une maîtresse. J'ai eu une fois un cuisinier russe qui crachait toujours dans la soupe parce que cela porte bonheur. C'était très drôle; mais nous ne faisions pas d’objection; c'était la coutume.

— Comme vous avez dû voyager pour avoir des serviteurs si étranges! insinua Saxonne.

La vieille femme émit un rire approbateur.

— Les plus étranges de tous, c'étaient dans les mers du Sud, les esclaves nègres, de tout petits cannibales avec des cheveux tressés et des os dans le nez. Quand ils ne faisaient pas attention à ce qu’on leur disait, ou qu’ils volaient, on les attachait à un cocotier derrière s bâtiments et ou les cinglait à coups de fouets en cuir de rhinocéros. Ils provenaient d’une île de cannibales et de chasseurs de têtes : aussi mettaient-ils leur orgueil à ne jamais proférer une plainte. Il y avait le petit Vibi, âgé douze ans à peine, et qui me servait. Le jour où son dos fut mis en bouillie et où je pleurais de pitié, il ne fit que rire et me dit : « Attendre encore petit bout de temps, moi prendre sa tête à gros type maître blanc.



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