[Princes d'Ambre-03] Le signe de la Licorne by Zelazny Roger

[Princes d'Ambre-03] Le signe de la Licorne by Zelazny Roger

Auteur:Zelazny,Roger
La langue: fr
Format: mobi
Tags: Fantasy
ISBN: 2207304639
Éditeur: AlexandriZ
Publié: 1978-01-05T14:44:33+00:00


8.

Toute vie doit répandre un peu de sang. Par malheur, c’était encore mon tour et cela me faisait l’effet de passer un peu la mesure. Je gisais sur le flanc droit, plié en deux, les deux bras ramenés sur le ventre. Devant, à gauche et un peu bas, juste au-dessus de la ceinture, j’avais l’impression d’être une enveloppe ouverte négligemment. Ce furent mes premières sensations quand la connaissance me revint. Et ma première pensée fut : « Qu’est-ce qu’il attend ? » Visiblement, le coup de grâce n’avait pas été porté. Pourquoi ?

J’ouvris les yeux. Ils avaient profité du temps écoulé – court ou long ? – pour s’ajuster à l’obscurité. Je tournai la tête. Je ne vis personne autre dans la chambre. Mais il s’était passé quelque chose d’étrange que je ne parvenais pas à saisir. Je fermai les yeux et laissai ma tête retomber sur le matelas.

Quelque chose d’anormal, et en même temps normal…

Le matelas… Oui, j’étais sur mon lit. Je doutai de ma capacité à m’y être hissé sans aide. Mais c’était absurde de me poignarder puis de m’aider à me coucher.

Mon lit… C’était mon lit, pourtant ce ne l’était pas.

Je fermai très fort les paupières. Je serrai les dents.

Je ne comprenais pas. Je savais que ma pensée ne pouvait pas être normale, encore sous l’effet de choc, avec le sang qui s’amassait dans mes entrailles avant de déborder au-dehors. Je m’efforçai de réfléchir clairement. Pas facile.

Mon lit. Avant de vous rendre compte de quoi que ce soit d’autre, vous savez si vous vous éveillez dans votre propre lit. Et c’était le cas, mais…

Je réprimai une violente envie d’éternuer parce que j’avais peur de me déchirer du haut en bas. Je me comprimai les narines, ne respirant que par petits coups, par la bouche. Le goût, l’odeur et l’impression de poussière m’enveloppaient de toutes parts.

Mon irritation nasale s’apaisa et j’ouvris les yeux. Je sus alors où je me trouvais. Je n’en comprenais ni le pourquoi ni le comment, mais j’étais revenu une fois de plus en un lieu que j’avais bien compté ne plus voir.

J’abaissai la main droite et m’en servis pour me soulever.

C’était ma chambre à coucher dans ma maison. L’ancienne. Celle qui avait été la mienne au temps où j’étais moi-même Cari Corey. On m’avait renvoyé en Ombre, sur ce monde où j’avais passé mes années d’exil. La pièce était pleine de poussière. Le lit n’avait pas été fait depuis que j’y avais dormi pour la dernière fois, plus de cinq ans auparavant. Je savais très bien dans quel état était la maison, puisque j’y avais jeté un coup d’œil à peine quelques semaines plus tôt.

Je me haussai encore un peu, réussis à passer les jambes au bord du lit, puis à poser les pieds sur le sol. Puis je me pliai de nouveau et restai immobile. Cela allait mal.

Tout en me sentant provisoirement à l’abri d’une nouvelle attaque, je me rendais compte qu’il me fallait plus que la sécurité pour le moment. Je ne pouvais même pas estimer combien de temps je garderais encore ma connaissance.



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