Mort d'un tatoué by McBain Ed

Mort d'un tatoué by McBain Ed

Auteur:McBain, Ed [McBain, Ed]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Gallimard
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Le Roundelay Bar, dans Jefferson Avenue, était situé à trois pâtés de maisons du nouveau musée. Lorsque Kling y arriva à cinq heures et quart, pour rencontrer Anne Gilroy, il était plein de publicistes, de jeunes et jolies secrétaires et de mannequins. Tous se conduisaient comme les invités d’un cocktail dans une maison particulière, buvant, bavardant, allant et venant d’une table à l’autre sans s’asseoir dans la salle aux lumières tamisées.

Anne Gilroy était assise dans un coin ; elle portait une robe au crochet qui la gainait comme un bas. Kling se demanda si elle avait quelque chose en dessous. Il se sentait mal à l’aise dans cette atmosphère ultra-raffinée où tous semblaient parler de la dernière campagne de Doyle Dune, du grand coup de Salter et Sabinson, de la dernière soûlographie de Blaine Thompson, et d’autres choses qui lui étaient tout aussi étrangères. Il se sentait ridicule avec sa tunique bleue, sa cravate mal nouée, et la bosse que faisait son revolver accroché à l’épaule. Il avait la sensation d’être un paysan fourvoyé au milieu d’une réunion de snobs. Sans compter qu’il n’avait pas du tout la conscience tranquille.

D’un geste, Anne l’appela près d’elle. Il se fraya un chemin à travers la foule, s’assit près de la jeune fille et jeta un rapide coup d’œil autour de lui.

— Vous êtes ponctuel, déclara Anne en souriant. J’aime les gens exacts.

— Avez-vous commandé quelque chose ? demanda-t-il.

— Non, je vous attendais.

— Que désirez-vous ?

— Quand je bois un martini, je me sens détendue et libre, répliqua-t-elle. Je prendrai un martini. Sec.

Il fit un signe au garçon et commanda un martini pour elle et un scotch à l’eau pour lui.

— Vous aimez ma robe ? demanda Anne.

— Oui, elle est très jolie.

— Avez-vous pensé que c’était moi ?

— Que voulez-vous dire ?

— En dessous.

— Je n’étais pas sûr.

— J’ai une combinaison.

— Bien.

— Y a-t-il quelque chose qui ne va pas ? demanda-t-elle.

— Non, non.

— Vous regardez tout le temps autour de vous.

— L’habitude. Déformation professionnelle, sans doute.

— Mon Dieu, vous êtes nerveux ! dit-elle. C’est ma robe qui vous rend si nerveux ?

— Non, non, c’est une très jolie robe.

— J’aimerais avoir assez de culot pour la porter sans rien en dessous, déclara Anne en riant.

— Vous seriez arrêtée, riposta Kling. Article 1140 du Code pénal.

— Que voulez-vous dire ?

— Outrage public à la pudeur, expliqua Kling, et il récita : Toute personne qui dévoile son corps ou ses parties sexuelles dans un lieu public ou en présence d’autres personnes, ou incite une autre personne à se dénuder, commet un délit contraire aux bonnes mœurs.

— Fichtre ! s’écria Anne.

— Oui, insista Kling, soudain embarrassé.

— « Parties sexuelles », j’aime ça !

— C’est l’expression consacrée dans les rapports de police.

— J’aime ça !

— Hum ! murmura Kling. Ah ! voici nos consommations !

— Voulez-vous que je fasse le mélange, monsieur ? demanda le garçon.

— Quoi ?

— Vous ne voulez pas votre scotch pur ?

— Juste un peu d’eau, répondit-il.

Il sourit à Anne et faillit renverser son martini.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.