Mort à Beyrouth by Gérard de Villiers

Auteur:Gérard de Villiers [Villiers, Gérard de]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Espionnage
ISBN: 2259000614
Éditeur: Plon
Publié: 1972-01-01T00:00:00+00:00

CHAPITRE XI

Malko ouvrit les yeux. En contre-jour sur le ciel étoilé, une silhouette sombre était penchée sur lui. Une horrible nausée lui souleva l’estomac et il vomit. En se tournant sur le côté, il éprouva une douleur lancinante dans le bas du dos, comme si on l’avait brûlé avec un fer rouge. Il gémit.

— J’ai mal.

Quelqu’un le souleva par les épaules. Il ignorait totalement où il se trouvait, et tremblait de froid. Il réalisa soudain que ses jambes étaient dans le vide.

L’homme qui était penché sur lui le tira en arrière, et il cria de douleur. Une voix dit en anglais :

— Attention, ils sont peut-être encore là.

Qui ça « ils » ? Malko vomit de nouveau et gémit. L’inconnu alluma une torche électrique dont le faisceau balaya une pièce en ciment nue. Vide.

— Vous pouvez vous lever ?

Malko fit non de la tête. Sa jambe gauche était complètement morte. D’un coup, tout lui revint. Que faisait-il dans cet immeuble en construction ? Qui était cet inconnu ?

— Qui êtes-vous ? souffla-t-il. Il faut appeler la police, vite.

Le faisceau pivota, éclairant le visage de l’homme qui l’avait sauvé : Élie, la barbouze libanaise ! Dans la main droite, il tenait un gros automatique noir et dans la gauche sa torche.

— Ce n’est pas la peine, fit Élie, si vous pouvez descendre en vous appuyant sur moi.

Ses cheveux en désordre, il était rassurant, placide et massif.

Malko fit un effort désespéré et parvint à se mettre sur son séant. Aussitôt, Élie le souleva sous les aisselles et passa un de ses bras autour de son cou. Malko cria encore. Sa fesse gauche était dure et humide à la fois, horriblement douloureuse.

— Qu’est-ce qu’ils vous ont fait ? demanda Élie. Ils vous ont torturé ?

Malko était trop fatigué pour répondre. Il grogna une réponse inintelligible. Cahin-caha, les deux hommes gagnèrent la cage d’escalier et commencèrent à descendre. Chaque marche était un supplice pour Malko. Heureusement qu’Élie était fort comme un Turc.

— Je n’ose pas vous laisser murmura Élie. Ils sont peut-être encore là.

*

* *

Malko aperçut le visage de Chris Jones tout flou. Il était étendu sur un sofa dans un appartement moderne et cossu. En face de lui, un Carzou tout en rouge était accroché au mur. Derrière Chris, apparut la lourde silhouette de Jerry Cooper puis Houry, en train de fumer nerveusement. L’Américain se pencha sur Malko. À ce moment, ce dernier réalisa qu’on lui avait retiré son pantalon et que tout le bas de son corps était recouvert d’une serviette.

— Ne vous énervez pas. Demain vous vous sentirez mieux. Mais vous allez avoir besoin d’une canne pendant quelques jours. Ici, vous êtes chez moi. Élie m’a téléphoné. J’ai pensé que c’était plus discret que le Phoenicia.

Malko commençait à reprendre ses esprits. Il reconnut Élie assis sur une chaise, toujours engoncé dans son imperméable. Il lui fit signe d’approcher.

— Qu’est-ce que vous faisiez dans ce bâtiment en construction ? Vous m’avez sauvé la vie…

Le Libanais sourit, placide et réservé.

— C’est le colonel

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