L'orpheline de Manhattan - Tome 1 - Partie 2 by Marie-Bernadette Dupuy

L'orpheline de Manhattan - Tome 1 - Partie 2 by Marie-Bernadette Dupuy

Auteur:Marie-Bernadette Dupuy [Dupuy, Marie-Bernadette]
La langue: fra
Format: epub
Tags: roman
Éditeur: Calmann-Lévy
Publié: 2019-02-26T23:00:00+00:00


Montignac, moulin Duquesne, samedi 21 août 1897

Le vieux meunier hochait tristement la tête, en caressant les cheveux de sa petite-fille, blottie contre son épaule. Élisabeth était arrivée une heure après le lever du soleil, à cheval. Dès qu’il avait entendu le bruit des sabots ferrés sur la terre sèche de la cour, Antoine Duquesne s’était signé.

« On vient m’annoncer un malheur ! » avait-il pensé.

Élisabeth était entrée aussitôt, dans sa tenue d’amazone, les joues rosies par sa folle galopade au vent de l’aube. Lui, debout près de la fenêtre, se préparait au chagrin.

— Mon amie Adela s’est éteinte ? s’était-il exclamé. Ma pauvre petiote, nous allons prier pour elle.

— Non, pépé Toine, Bonnie l’a sauvée ! Si Bonne-maman était décédée, je serais venue le jour même te l’annoncer. Dieu merci, elle a survécu, grâce à Bonnie.

Sur ces mots, elle avait conduit son grand-père jusqu’à son fauteuil, en s’asseyant tout près de lui, sur une chaise. D’une voix tendue, feutrée, elle s’était efforcée de relater le drame qui s’était noué au château.

— Pour moi, Bonne-maman avait succombé, je ne supportais pas de la voir ainsi, comme dans mon cauchemar. Je me suis enfuie, j’avais besoin de Justin, le seul capable de me consoler ! avait-elle expliqué. Mais il fallait bien que je retourne dans la chambre de ma grand-mère. Et là, Germaine m’a dit qu’elle respirait encore et avait repris conscience. Bonnie lui avait fait avaler de l’eau-de-vie, et l’avait frictionnée sur la poitrine, avec cet alcool. J’ai remercié le Seigneur, et ma chère gouvernante. Hélas, Bonne-maman est très faible. Hier le docteur Trousset est revenu et il n’a pas pu se prononcer sur le temps qu’il lui reste à vivre. Il s’agirait en fait d’une maladie de cœur.

Le meunier avait écouté sans l’interrompre, mais il étreignait souvent ses mains de ses doigts noueux, sillonnés de rides, durement éprouvé à la perspective de ne plus revoir le sourire d’Adela.

Maintenant, il souhaitait surtout apaiser Élisabeth, dont l’état d’exaltation le tracassait.

— Tu n’auras guère été épargnée, petiote, admit-il. Tu as perdu tes parents quand tu n’étais qu’une fillette innocente, et tu risques d’être privée du soutien de ta grand-mère.

— Il n’y a pas que ça, pépé Toine, je me sens coupable. Justin a quitté le château, je n’ai plus personne à qui me confier.

— Et Bonnie, vous êtes amies !

— Elle tient à rester au chevet de Bonne-maman, et je n’avais pas envie de lui faire certains aveux. Alors je suis venue pour te parler. Mais à toi seul. Où est oncle Jean ?

— Sans doute à la pêche, avec Pierre, comme chaque samedi. Ils posent leurs lignes à l’aurore. Yvonne ne nous dérangera pas, elle a pris la charrette pour aller vendre ses œufs à la foire. Tu m’as dit que Justin était parti ! Pourquoi donc ?

Élisabeth étouffa un sanglot, puis elle libéra tous ses secrets, des cauchemars de son enfance aux rêves moins effrayants, des révélations de Madeleine au départ de Justin.

— Il m’a abandonnée, sans un adieu, hoqueta-t-elle. Et moi je n’ai pas encore raconté à mon grand-père la conduite abominable de cette femme.



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