L'heure des fauves by Andrew Klavan

L'heure des fauves by Andrew Klavan

Auteur:Andrew Klavan [Klavan, Andrew]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 2259027245
Éditeur: Plon


Sur ce, elle repartit vers la 2e Avenue en traînant les pieds.

Avis Best

Avis songeait à sortir faire un petit tour quand Perkins entra par la fenêtre. Elle n’avait pas mis le nez dehors de toute la journée. Elle avait passé son temps à lire un manuscrit de sept cent cinquante pages intitulé Un monde de femmes. Qui « pourrait être un truc pour Julia Roberts » à en croire la lettre de Victoria Pictures qui accompagnait le manuscrit. La lettre indiquait également qu’elle devait avoir terminé le livre et son compte rendu de lecture pour demain. Car Julia mourait d’impatience de connaître l’opinion d’Avis, ha ha ha…

Toujours est-il que ce roman était à chier ; elle avait énormément de mal à se concentrer sur l’histoire pour rédiger le synopsis. Et, bien entendu, il fallait changer le bébé, jouer avec lui et éviter qu’il fasse des bêtises. Si bien que lorsque Perkins grimpa par l’escalier d’incendie à 3 heures et demie, elle n’en était qu’à la page 400. Le bleu éclatant du ciel d’automne commençait à virer au mauve. Le fait d’assister à cette métamorphose au-dessus des corniches des immeubles de pierre brune l’emplissait d’un sentiment grandissant de désespoir claustrophobe. Inutile d’espérer sortir, se dit-elle. Le style du roman avait anesthésié son cerveau, elle n’arriverait jamais au bout. Et le bébé, assis sous la table de jeux pliante, qui faisait des bruits amusants en enfonçant sa main dans sa bouche, si bien qu’elle devait s’interrompre toutes les deux minutes pour lui sourire et lui montrer combien ce qu’il faisait était merveilleux. Le ciel s’assombrissait de plus en plus ; bientôt la foule se rassemblerait pour le défilé, et ce ne serait plus la peine de sortir de toute façon ; elle resterait enfermée ici jusqu’à demain ; elle détestait sa vie. Son regard allait du manuscrit au bébé et du bébé à la fenêtre pour la centième fois peut-être… quand elle aperçut Perkins. Les bras écartés, le visage collé au carreau. Elle sentit battre son petit cœur.

Elle lui fit signe d’entrer. Perkins se glissa sous le bord de la fenêtre et sauta sur le plancher.

— Pa ! s’exclama le bébé.

Il enfonça son bras dans sa bouche presque jusqu’au coude.

— Arragherageraggah…

— Ouah, bravo, dit Perkins avec un sourire qui disparut aussitôt. J’ai besoin de ton aide, Avis.

— Mon Dieu.

Elle se leva. Sa tête, remplie d’Un monde de femmes, ressemblait à un bloc de ciment. Elle observa le poète à travers ses grosses lunettes carrées.

— Tu es tout pâle, Ollie. Tu as mangé ?

— Non, je n’ai pas faim.

— Il me reste du poulet froid dans le frigo.

— Avis ! Mon petit frère est recherché pour un meurtre qu’il n’a pas commis !

— Hein ? Merde alors ! Attends, je vais chercher le poulet.

— Avis…

Elle s’empressa de disparaître dans la cuisine. Lui donner à manger l’aiderait à réfléchir. Elle se pencha à l’intérieur du réfrigérateur, tandis que Perkins qui voulait la suivre fut arrêté au passage par le bébé. Quand Avis déposa sur



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