Les Soprano by Sofilm

Les Soprano by Sofilm

Auteur:Sofilm [Sofilm]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Sofilm, livre, Cinéma, séries, Les Soprano, Mafia, gangsters, New York, New Jersey, David Chase, Psychanalyse, Martin Scorsese
Éditeur: Capricci
Publié: 2021-10-25T22:00:00+00:00


Quitte à faire un mini film par semaine, Chase passe également maître dans l’art des standalone episodes (épisodes autonomes) ou bottle episodes (épisodes bouteille), ces pas de côté consacrés à une sous-intrigue dans une série. Alors qu’ils sont habituellement destinés à produire un épisode à prix cassé avec un lieu de tournage unique et des seconds rôles moins chers que les acteurs principaux, Les Soprano leur donne leurs lettres de noblesse. Comme en témoigne Pine Barrens, le onzième épisode de la troisième saison, réalisé par Steve Buscemi et encensé par la critique. On y suit deux des personnages les plus truculents et les plus imprévisibles, Paulie Walnuts (Tony Sirico) et Christopher Moltisanti (Michael Imperioli), errer dans une vaste forêt à la frontière de l’État du New Jersey à la recherche d’un homme qui leur a échappé. Un mini long métrage façon frères Coen qui offre une étude psychologique brillante et drôle de ces deux hommes de main de la mafia. Depuis, ces fameux épisodes autonomes ont fait florès notamment dans Breaking Bad, Atlanta ou Master of None, cassant le fil de l’intrigue principale pour mettre l’accent sur une histoire ou un personnage secondaire.

Pour atteindre ce niveau d’exigence, l’écriture des scripts s’organise sous forme de jam sessions, sortes de joutes créatives entre les scénaristes qui n’hésitent pas à donner plus de profondeur aux personnages en y ajoutant des anecdotes personnelles et de longues plages sans dialogue. « Nous pouvions nous permettre d’être incroyablement expérimentaux dans notre manière d’écrire », raconte Matthew Weiner, l’un des scénaristes récurrents de la série, à Vanity Fair. De cette qualité visuelle exigée par Chase et de cette construction complexe découle un rythme bien plus lent que dans les séries traditionnelles. Certains internautes se sont d’ailleurs amusés à résumer l’intrigue et les quatre-vingt-trois heures des six saisons en vidéos de moins de dix minutes. « Il n’y a que dans Les Soprano que vous pouviez écrire de longues séquences de silence dans lesquelles les personnages ne disent absolument rien. Mais les scènes silencieuses sont souvent les plus révélatrices », insiste Weiner, qui reconnaît s’être largement inspiré de ces ingrédients pour la création de la série Mad Men.

Autre exigence empruntée par Chase au cinéma et qui a fait des émules depuis : le soin apporté à la bande originale. Les Soprano évite l’écueil classique des séries qui utilisent souvent la musique comme simple fond sonore. Avec son rythme palpitant, la chanson du générique « Woke Up This Morning » d’Alabama 3 donne le ton : la BO de la série sera traitée comme une sorte de jukebox dans lequel on pioche à l’envi. Des titres comme « State Trooper » de Bruce Springsteen, « It Was a Very Good Year » de Frank Sinatra, « Gloria » des Rolling Stones et surtout « Don’t Stop Believin » du groupe Journey lors du dernier épisode, vont permettre d’amorcer une atmosphère ou une irruption de sentiments chez un personnage. Désormais, les séries d’Insecure à Ray Donovan en passant par Girls s’arrachent les titres.



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