Les deux pieds dedans ! by François Legay

Auteur:François Legay
La langue: fra
Format: epub
Tags: ROMANS POLICIERS ; Fiction/Policier ; Fiction/Policier et Mystère /Général ; Fiction/Littérature
ISBN: 9782370471413
Éditeur: Éditions Lajouanie
Publié: 2020-01-16T16:00:00+00:00

Chapitre 7

Wecker connaissait donc Églantine qui connaissait donc Loubet qui connaissait donc Wecker.

Et dire qu’hier, quand j’ai décidé de planter Églantine dans le plumard de l’hôtel, c’était avec la conviction que je ne pourrais plus rien en tirer (remarque atrocement vulgaire et du pire mauvais goût, j’en ai parfaitement conscience). Si j’avais pu me douter… Comme quoi, même les plus fins limiers peuvent se gourer dans toute leur splendeur (et décadence, cela va de soi).

Cela dit, Églantine n’a peut-être pas conscience de ce qu’elle sait et, dans ces conditions, il est normal que je n’aie point réussi à lui soutirer autre chose que son cul (ça ne s’arrange pas, j’espère vraiment que je vais être censuré).

Bref, histoire de n’avoir aucun regret, je me rends dans le XVIe arrondissement car c’est dans ce charmant et huppé coin de la capitale que se trouve le cabinet de la véto.

Je pénètre dans un immeuble où tu peux loger si tu es assujetti à l’I S F, regarde la plaque où il est inscrit que le docteur Foitard reçoit tous les jours de 10 h à 19 h, sauf les jeudis (c’était hier d’où notre rencontre crapuleuse), et le dimanche (puisqu’elle le passe avec son mari). Je prends la première porte à gauche, ici même au rez-de-chaussée, sonne à la dite (Piaf) porte, et attends. Pas longtemps. Car au bout de deux secondes ça fait bzzz et la clenche se désenclenche. Je pousse la porte et je me retrouve devant un comptoir derrière lequel apparaît un crâne légèrement dégarni (la tête est un tantinet baissée), ce qui ne m’empêche pas de deviner des joues osseuses, un nez pointu, et un visage que je qualifierai (en tout cas vu sous cet angle avec l’éclairage de l’entrée) de plutôt pâle. J’ajoute qu’il me rappelle, non pas quelque chose puisqu’il appartient à un être humain, mais quelqu’un. Sans me regarder, il me demande :

– Vous avez rendez-vous ?

– Non, je réponds. Et j’ai pas d’animal non plus.

Intrigué, il se redresse pour me retapisser et il en reste comme deux ronds de flan.

Moi itou. Et je sais immédiatement pourquoi sa tête et son teint blancheur Persil me rappelaient quelqu’un… C’est parce qu’ils appartiennent à quelqu’un que je connais.

– Vous ! m’exclame-je enfin, après être revenu de ma surprise, mais qu’est-ce que vous faites ici ?

Il se tortille tellement qu’il me fait penser à un ver de terre qu’un malencontreux coup de binette viendrait de couper en deux.

Le client de Fédoch ! En trois jours, le temps n’a pas eu prise sur lui. Toujours le même, on le sent prêt à s’évanouir à la moindre occase. À peine a-t-il digéré nos retrouvailles qu’il me bégaye sa rengaine :

– Écoutez, ma femme ne doit pas savoir qu’on se connaît, dit-il en tournant nerveusement la tête vers une porte blanche sur laquelle est inscrit Dr Foitard.

– Ah bon ? fais-je pour le taquiner.

– Non. Et elle ne doit pas savoir non plus que je vais… que j’ai des rapports avec des…

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