Le yoga et la poursuite du bonheur by Chase Sam

Le yoga et la poursuite du bonheur by Chase Sam

Auteur:Chase, Sam
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Béliveau


Où suis-je allé?

Remarquez à quel point l’expérience optimale ressemble à l’expérience intérieure de la méditation, surtout en ce qui concerne la perte de la conscience narrative. Les familiers de l’expérience optimale disent souvent qu’ils sont tellement absorbés par une activité que leur conscience du moi diminue ou disparaît complètement. Il est fréquent de les entendre dire quelque chose comme «J’avais oublié que j’étais là» ou «C’était comme si ce n’était pas moi qui le faisait». Il n’y a rien de surprenant à ce que les états de l’expérience optimale autotranscendantale soient associés à une activité moins importante dans le cortex préfrontal interne ou CPI (Peifer, 2012). Vous vous souvenez? C’est cette partie du cerveau qui a fait l’objet des recherches de Farb et de ses collaborateurs (2007) sur la conscience narrative et les histoires que se raconte le moi.

Le résultat, connu sous le nom d’hypofrontalité transitoire (qui signifie littéralement «temporairement, il n’y a pas grand-chose qui se passe dans la partie avant de votre cerveau») a fait l’objet d’une théorie qui ramène au même principe neurologique la méditation et l’expérience optimale (Dietrich, 2003, 2004). Dans le cas de l’expérience optimale, comme les précieuses ressources de notre conscience sont entièrement et totalement mobilisées par l’action, la conscience du moi se dissout et la conscience attentive émerge de l’action. Comme si nous étions devenus l’action elle-même.

Comparons-le à la description que fait Patanjali d’un moment de pleine absorption méditative, dite samapatti ou «état d’unité fusionnel»:

À mesure que les vagues de la conscience se calment, elles brillent comme un bijou,

Et l’acteur, l’acte et l’action ne forment plus qu’un. (I, 41)

Ou à celle de Krishna, dans la Bhagavad Gîtâ:

Quiconque a connu la vérité pense: «Je ne suis pas l’acteur»

Qu’il voie, entende, touche, sente, mange, marche, dorme ou respire. (V, 8)

Si la méditation nous permet de pénétrer à l’intérieur de nous-mêmes en toute quiétude pendant que l’expérience optimale s’exprime dans l’action, nous pourrions être étonnés d’aboutir non pas à la même adresse, mais au moins dans un quartier étonnamment similaire.

La dissolution de l’ego dans l’expérience optimale peut servir de puissant antidote à l’asmita, la souffrance qui émerge quand nous tentons de préserver le moi. Nous avons vu comment ce qui menace les familières histoires du moi suscite de fortes aversions et atteint profondément le samskara. Paradoxalement, pourtant, dans le cas de l’expérience optimale, je me sens tout à fait vivant au moment où aucun «je» ne s’impose. De tels moments nous permettent de faire une pause, ne serait-ce que pour nous demander si ce «Je» que nous avons si minutieusement conçu exige autant de surveillance et d’entretien constants.

Quand le sens du moi que nous avons abandonné en vivant une expérience optimale se montre à nouveau, il revient transformé. Nous venons de cheminer hors des limites de notre moi familier et, comme Csikszentmihalyi le décrit, quand les frontières se referment, le territoire est devenu plus vaste.

Durant ses longues nuits de veille, le navigateur solitaire commence à sentir que le bateau devient une extension de lui-même se dirigeant au même rythme que lui vers un but précis.



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