Le tresor du terrier maudit T2 by KIERAN LARWOOD

Le tresor du terrier maudit T2 by KIERAN LARWOOD

Auteur:KIERAN LARWOOD [LARWOOD, KIERAN]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2017-11-07T23:00:00+00:00


CHAPITRE NEUF

Pomme croisée

Marcher, marcher, marcher dans l’obscurité par une nuit qui parut la plus longue de tous les temps à Podkin, s’attendant constamment à voir des Gorm surgir d’un peu partout. Chaque fois qu’il fermait les yeux, il revoyait Zarza soulever le casque du Gorm, les yeux rouges au regard vide, les croûtes de métal qui dévoraient la fourrure, les veines empoisonnées dans lesquelles courait un sang rouillé. Il ne savait pas ce qui était le plus terrifiant : la pensée des Gorm eux-mêmes ou bien celle de lapins ordinaires — lui, par exemple — transformés en monstres cruels, si d’aventure personne ne parvenait à les arrêter. Si lui, Podkin, n’était pas capable de les arrêter.

Tout le monde se réjouit de voir le ciel s’éclaircir avec l’aube. Tandis que des ombres grises commençaient à émerger, ils constatèrent qu’ils se trouvaient à proximité d’un autre bosquet. Plus étendu que celui de la veille et qui longeait une vaste étendue nue. Le soleil brillait déjà très fort quand Podkin comprit enfin que l’étendue nue était de l’eau, un lac gigantesque où se reflétaient des nuages gris comme dans un miroir.

Ils gagnèrent peu après le couvert des bois et descendirent en zigzaguant entre les arbres jusqu’à la rive. Podkin et Paz ne pouvaient détacher leurs yeux de l’eau. Ils n’en avaient jamais vu autant dans un seul et même endroit. Le lac s’étirait depuis le léger clapotis des hauts-fonds à leurs pattes jusqu’aux confins de l’horizon.

— Le lac de Croix de bois, annonça Yarrow. Autrefois, un lieu paisible et magnifique. J’ai écrit plusieurs poèmes à sa gloire si vous voulez bien vous donner la peine de les entendre.

— Plus tard, peut-être, répondit Crom d’un air maussade. À quelle distance sommes-nous de l’île ?

Podkin scruta la berge et, à un kilomètre environ, distingua un amas de rochers informe qui dépassait de l’eau, coiffé d’un tapis d’herbe hirsute et de ronciers. Une pierre debout solitaire se dressait à une extrémité, captant les premiers rayons du soleil.

— Pas très loin, dit Podkin. Je la vois distinctement.

— Alors, nous sommes pile au nord de Pomme croisée, indiqua Crom. Tenez-vous à l’abri des arbres.

— Que faisons-nous maintenant ? demanda Podkin.

Il espérait que la réponse avait quelque chose à voir avec dormir et peut-être manger.

— Nous attendons la nuit, répondit Zarza. Et nous échafaudons un plan d’attaque.

Podkin dormit une grande partie de la journée, du moins, il essaya. Roulés en boule au milieu des racines d’un grand noisetier, Paz, Pook et Podkin observaient les branches au-dessus de leurs têtes. Podkin aimait voir la lumière filtrer à travers les jeunes feuilles vertes, dessiner des motifs mouchetés, les feuilles se superposer, agitées gentiment par une brise légère. Il avait l’impression d’être allongé au fond d’un étang à l’eau verte et de regarder le ciel à travers l’onde. Dans son demi-sommeil, il fit d’étranges rêves de poissons parlants et d’oiseaux nageurs.

Plus tard, tous prirent un repas léger de cresson et de feuilles de primevère que Mélo avait ramassés. Crom sollicita la contribution de tous pour aiguiser à nouveau les lances et les épées.



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