Le Silence de la Cité by Élisabeth Vonarburg

Le Silence de la Cité by Élisabeth Vonarburg

Auteur:Élisabeth Vonarburg [Vonarburg, Élisabeth]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science-fiction
Éditeur: Alire
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


30

Le félin blanc ne bouge pas ; il reste figé au milieu de la place dans la position où Élisa l’a surpris en ouvrant la porte de sa maison, la tête tournée vers elle. Bien plus gros qu’un chat sauvage, la taille d’un léopard ; la tête et les oreilles évoquent plutôt le lynx, cependant. L’animal ne semble pas avoir peur – si tant est qu’Élisa puisse se fier à son empathie, avec les animaux. C’est la première fois qu’elle en rencontre un, mais les ommachs lui ont dit en avoir aperçu dans la forêt. Elle en a vu déjà, cependant : sur les écrans de la Cité, quand elle était toute petite. C’était une expérience de, comment s’appelait-il déjà… Mario ? Mario Alghiéri ? Mais il les avait installés dans le Sud-Ouest, si elle se rappelle bien. Sont-ils remontés si haut ? Trop chaud, le Sud-Ouest ?

L’animal découvre un palais rose et noir dans un large bâillement, et poursuit son chemin avec nonchalance.

Élisa sourit : la grâce dédaigneuse de ce grand chat blanc… Il faudra tout de même prévenir les enfants. Celui-ci n’a pas l’air féroce, mais on ne sait jamais.

Elle contemple le ciel, les arbres, elle goûte l’air calme, un peu frais, et sent un sourire de contentement lui monter aux lèvres. Une belle journée d’automne. Les tâches de la journée s’égrènent dans sa tête, confortables dans leur familiarité. Déjeuner. Traire les vaches. Travailler avec les douze-treize ans. Finir la récolte des pommes de terre avec les huit-neuf ans. Surveiller la fabrication des conserves avec les plus grands. Et c’est ce soir que les grands se transforment. Faire des gâteaux. Il ne faudrait quand même pas trop mettre d’emphase sur cette métamorphose… À mesure que le temps passe, le changement tend à devenir une cérémonie, une fête, un mot à majuscule. En discuter avec les grands ? En privé, ou au conseil ? Après tout, ils ne changeront plus jamais, après vingt ans, ils resteront des garçons.

C’est à l’automne, décidément, que le village présente son visage le plus agréable : la patine des maisons de bois s’harmonise avec les feuilles rousses et jaunes et tranche sur le ciel bleu, un dernier flamboiement doré avant l’hiver et la neige. Sept maisons : un dégradé du brun-roux au blond qui indique le passage du temps. Élisa regarde le demi-cercle de maisons avec un sourire seulement à demi amusé ; elle a tellement essayé de ne faire en rien ressembler le village à la Cité qu’on se croirait plutôt dans un des vieux films qu’elle regardait avec Desprats quand elle était petite (comment les appelait-il, déjà ? Ah, des westerns), murs de bois soigneusement équarris et isolés, plancher surélevé, galerie à auvent tout autour. Et à l’intérieur, c’est la même chose : plancher de bois ciré, vaste cheminée de pierre et de briques, peaux et fourrures par terre, gros meubles solides et rustiques. Il n’y a guère de communautés qui habitent des maisons de ce genre, Dehors. Les villages, édifiés pour



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